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récit Alain Guillard

mai 2002
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Tunisie ..!.
c'est parti..!
Dimanche de Pâques,
au bout des tunnels.


1972…si je compte bien cela fait 30 ans que nous n'avons pas fait le saut par-dessus ce côté
de la grande bleue. Pourquoi ? Peut - être pour les mêmes raisons qui nous amènent cette année à faire cap au sud le long de la botte italienne, vers la Sicile et Trapani parce que là …
c'est plus court !
C'est plus court quoi ? Attendez je vais vous expliquer.
Je sais pas vous, mais chez nous dans l'équipage il y a outre mon GPS, Guidage par Suzy,
il y a disais-je, Daky. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il est aussi têtu qu'un cocker, les yeux implorants d'un…cocker, bien sûr puisque c'est un…cocker ! Et quand il a lu le mail d'Euromer précisant que le ferry de Marseille à Tunis ce n'était pas open-deck mais Daky
au chenil, je vous dis pas la négociation au chantage !
Quoi, moi 26 heures là-haut sur le pont avec la fumée de la cheminée qui te rabat ses cendres sur mon museau…Tu me vois là-haut patron ? Tu les crois ceux qui t'ont dit que je sera bien ? Moi non, je sais bien que je serais tout seul, il vont me faire prendre des médicaments pour
que je ne mange pas, que je ne râle pas, que je…non mais j'en veux pas de votre ferry !
Moi je reste ici !
Vous savez qu'un cocker c'est têtu…et puis le Daky il a goûté à l'open-deck des grecs,
les armatures en guise de réverbères il connaît, dans le vent du grand large ça vous revigore
le pipi du soir. Alors que là, chez les Français de Marseille, c'est chenil " ou " voiture, 
et je fais quoi moi dans le campingcar pendant 26 heures au fond de la calle …
sans pouvoir sortir…
vous voulez vous débarrasser de moi ou quoi ?
Bon allez Daky, tu as raison…tu viens avec nous mais on va le prendre à Trapani le ferry,
parce que à Gènes c'est le même régime.. Et puis, sur le chemin on passera voir Marina. Ah…ça , ça t'intéresse, les belles romaines ça t'intéresse !
Et voici comment sur l'autostrada de Turin à Sestri-Levante on a compté les…tunnels !
Aujourd'hui c'était l'heure d'été, c'est dire que l'on ne sait plus trop où l'on en est si ce n'est que, si l'on a bien tout compris, on va pouvoir rouler une heure de plus !
Le temps est superbe, les montagnes se découpent en splendeur dans un ciel bleu de vacances. Le Fréjus régulé par le principe de précaution qui nous serine toutes les 2 minutes
sur radio tunnel les sacro saints 150 mètres du véhicule précèdent, les conseils à ne pas oublier en cas de crash…ouf…vite que l'on en sorte !
Un tunnel de perdu, dix de retrouvés ! En filant vers la côte ils se multiplient, se démultiplient, comme ces galeries de taupes qui ressortent de temps en temps à l'air libre.
Quel travail ces ingénieurs latins !
11 heures starting-block à Grenoble…18 heures la grande bleue à Gènes.
10, 20, 30 tunnels on fait les comptes…490km…on est gagnants !
Comme ça par hasard on a décroché de l'autoroute à Chiavari, ça ne vous plaît pas… Chiavari ?
Pour voir…la mer…elle, elle devait être derrière, derrière les bétons alignés, derrière les queues de vacanciers pascaux, derrière les files de ccars à la recherche du bon coin fatal.
On le sait, les italiens ça campingcare en tribu, a Sestri-Levante ça fait dodo en boîte à sardines !
Sur les listes de Gianni, répertoriées sur CamperOnLine, les aeras di sosta sont justes : des aires de stationnement permanent ! Une fois posés il vaut mieux ne pas lâcher son décamètre de plénitude. Pouah…qu'est -ce que t'a dit Daky ? Oui, on va plus loin…tiens justement là
où la route quitte la mer…
Quelle mer, je l'ai toujours pas vue !
Le calcul est bon…on y est déjà…Casarza, c'est à deux pas, juste avant la montagne..
tiens là regarde à droite.. une grande place…attends je vais plus loin pour faire demi-tour..
Bon ouaih, y a mieux, une courbe de la rivière, des immeubles sages, 3 camping-cars éparpillés, des gens du coin qui ne sont pas en vadrouille..
On appelle ça un CAP, coin d'arrêt possible…pour ce soir c'est béni.
Y pas que des BTS dans la vie !

Lundi 1 avril…
Pâques campingcaristes
Nuit calme, pas entendu le moteur du camping-car qui,à quelques centaines de mètres,
doit croire recharger sa batterie épuisée. Le soleil est déjà de la partie.
Une nuée de vélotouristes envahit la place avant de s'attaquer aux routes dominicales. Autostrada ou Nazionale ? Le temps est trop beau, la région réputée Cinque Terre, alors le choix est vite fait : ce sera la montagne. Et quelle montagne ! La route virevolte en suivant le massif. On ne prend quand même pas le courage de se lancer dans les impasses qui mènent
vers les petits villages-ports au bout des calanques. Ce sera pour une autre expédition.
Superbe nationale préservée des flots de circulation par l'autoroute toute proche. Elle dégouline dans les vals, piquetée de cerisiers en fleurs, de restes de mimosas déjà fanés, émaillée
de troupeaux de cyclotouristes suant et tchatant comme seuls savent le faire les latins.
Et puis perdus au creux des virages des campingcars échappés des aeras di sosta.
Borghetto-di-Vara, le nom sonne fort, la petite ville somnole presque, petit détour derrière l'église qui trône au centre d'une ruelle…et là " jusqu'au bout " BTS grandeur nature.. stop , pause café, pipi Daky !
La-Spézia est égale à son image, mixage impudent de beauté et d'horreur industrielle.
Les palmiers du bord de mer alanguissent leurs touffes au - dessus des interminables boutiques de plages en soif de clientèle.
On veut tenter d'aller voir au plus près à quoi ressemble une aera-di-sosta repérée sur la liste. Direction Lerici , signalisation 5/5…et pour cause ! Au plus fort de la zone portuaire hérissée de tankers, le panneau " camper 100m " se veut salvateur. Quelques dizaines de ccars s'agglutinent sur les côtés d'un terrain encore trituré des ornières boueuses du dernier orage…
l'aire c'est là-bas au fond…au fond ? ben oui après le poste de garde. Bon ok… t'as compris, c'est le terrain de l'association des campingcaristes " trucmuche "…de l'autre côté de la barrière des dizaines de ccars entassés à perte de vue…des barbecues fumant, des….
allez, il te reste suffisamment d'eau, alors via via !
Lerici, que cela devait être beau ! eh oui devait être ! trop de monde déjà, et la saison ne commence, à en croire les panneaux de stationnement, que le 15 juin… Eh ben !
Plus loin les Marinas se succèdent. Le soleil est à son heure d'été…on fait quoi ?
Côté mer baraques boutiques, côté terre quelques pinèdes prises d'assaut 
par des nuées de pique-niqueurs.
On avance, s'il le faut tant pis pour la mer on se trouvera un village perché.
L'impasse là, là où la route s'incline et quitte le bord de mer.. 
on connaît bien ce type de configuration…au bout il doit y avoir un domaine réservé.
Tiens qu'est ce qu'on disait : " military "…et juste avant, quelques centaines de mètres
de parking libre le nez sur la grève. BTS.. non BTS.p à protéger car imagine un peu le réflexe des riverains, si demain un flot de ccars envahissait ce morceau de plage !
La mer étincelle, un ccar milanais a fait le même calcul que nous, la mer étincelle pour deux !
Les vagues viennent s'écraser sur les blocs bourgeois de marbre de Carrare
baissez - vous, ramassez les morceaux épars, vous aurez peut être de quoi 
vous paver l'entrée de garage !
D'un seul coup la route s'agite, l'Italie des vacanciers de Pâques semble se réveiller, 
les files deviennent ininterrompues, les camping-cars innombrables, 
on compte ; par un par trois par dix à la queue leu- eu sur les routes, 
en touche - touche le long des contres allées…jamais on n'a tant vu en une seule journée…
Il nous faut une heure pour fuir la route des Marinas et retrouver un peu de fluidité 
sur l'autoroute qui file vers Pise. Un petit tour deTorre ? 
La partie est devenue facile, plus de difficultés d'approche. 
Un immense parking brille tout neuf à l'entrée de la ville. 
Pour les ceusses que 500 m de marche rebutent, une navette fait la noria. 
Cela fait 20 ans que nous ne sommes revenus ici…c'est le choc. 
La place du Dôme est noire de touristes, mosaïquée de toutes les races du monde, 
ensevelie sous les oripeaux et les bondieuseries. 
L'écrin de gazon qui enserre les édifices prestigieux est piqueté de familles étalées, 
de couples enlacés…c'est lundi de Pâques, on pardonne ! 
La " torre " est toujours là, imperturbablement penchée vers ce point de chute 
qu'elle ne devrait jamais connaître. Depuis quelques années une ceinture de 670 tonnes 
de plomb la contrebalance … vous pouvez monter tranquille !
Les metteurs en scène du monde entier s'exercent à la photo du siècle,
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" chérie un peu plus à gauche, belle maman la main plus haute, beau papa reculez encore… "
elle en a vu la tour des souteneurs prêts à la retenir dans son penchant !
Allez on vous laisse faire, nous on file au sud, une petite heure pour dépasser Livourne l'industrieuse et retrouver le littoral…sait-on jamais , le nez sur l'eau ce serait trop beau !
Cecina est égale à toutes les cités balnéaires, fourre tout commercial et …
barres de hauteur côté mer.
On tourne, on fouine, à notre habitude, les parkings vides foisonnent, verrouillés.. 
" aera di sosta " allons voir. L'aire est grande, quelques 20 ccars encore posés, 
combien devaient t - ils être avant que la chute du soleil sonne l'heure de la rentrée ?
Là-bas au fond, le cul sur la campagne, on devrait oublier les autres, tope là !
Mine de rien la journée chargée de circulation a été dure…dodo…dodo..
Turlutu, turlututu…la sonnerie du portable nous sort du premier sommeil…qui c'est çà !..
T'as vu l'heure " 12h58 " ça fait 1 heure du mat' non ! et ce n'est qu'un message sms…
allez je regarde. Passe -  moi la loupe, ils sont minuscules ces caractères… 
" Tunis parking de nuit rue Moktar, superBTS…Tabarka capitainerie Port de plaisance BTS… signé Clement " 
salut Clement on te pardonne ! Allez re-dodo !
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Saluti Marina ..!

Mardi 2 avril…
Court circuit.
Je baisse le rideau vue sur la campagne…non, mais c'est pas vrai ! un ccar est venu se placer plein dans le champ alors qu'il avait des dizaines de mètres de libres. Poltrone va !
Nous ne sommes pas pressés, aujourd'hui on va bader. Cecina s'est vidée des pâqueniers,
les commerces s'ouvrent lentement , quelques ccars allemands semblent égarés dans les rues vides. Par hasard on tombe sur une autre " aera di sosta ", près du camping, quelques places serrées contre les grilles du tennis, un système trèèèèèèèèèès organisé de collecte des euros dans les automates multi langues. Et enfin un véritable regard pour vider notre cassette, alors que les grilles multi-vidanges rencontrées trop souvent sont vraiment peu ragoûtantes.
La route glisse maintenant en rase campagne juste au dessus des carrés de culture,
l'autostrada est devenue 4 voies limpides, puis route blanche plongeant vers Piombino
avant pont pour l'Ile d' Elbe, petite ville à l'approche horriblement industrielle vers un centro-citta comme on les goûte en Italie. Sur la place centrale les inévitables duos d'hommes qui refont
le monde. Des triporteurs qui se fraient le passage dans les ruelles…des odeurs de mer
qui vous guident vers le porto…non tourne là à droite, va là-bas au fond !
La rue plonge vers un cimetière à la sétoise en front de mer, une plate-forme en terre battue
le nez sur les frémissements de la mer. Et un BTS un ! En bas les ferries de Moby Lines
tracent leur sillons vers l'Ile d'Elbe. Allez on ouvre la fenêtre du salon, ça sent les vacances !
La grande voie express s'éloigne du littoral et nous rend un peu de solitude.
La pointe de Punta Luna transformée en village de vacances haut de gamme est alanguie
au pied de sa forteresse…ici on ne va pas plus loin…barrière du centre nautique.
De toutes façons nous n'avons pas l'intention de nous arrêter,
à la fermeture du marchepied électrique " bip bip bip… " signal au tableau central,
voyant rouge en clignotement, batterie moteur à zéro ! Et zut !
Castiglione delle Pescaia est une petite ville superbe, là encore un côté sétois, l'important pour nous est de trouver un garage. Après 2 fausses pistes nous voici chez l'électricien auto. Contrôle batterie : ok, contrôle charge : ok, contrôle batterie cellule : ok….et alors ?
En quelques mots , désemparé l'homme de l'art me fait comprendre que le problème est dans la centrale, et que là….il est dépassé. Il va falloir faire avec, mais l'important dans l'immédiat
est que la batterie moteur se charge. Ensuite…inch' Allah !
La presqu'île d'Argentario vue de loin est enchanteresse…de loin. Bondée déjà.
Orbetello est plus ouverte, étalée entre mer et lac, le centre est vidé de stationnement,
les parkings entourent la ville et nous repoussent vers la place du marché hebdomadaire, réservée ccar sauf le samedi. Superbe, le nez sur les vagues !
En me roulant sous le marchepied à la recherche de la cause du mal je n'en profite pas.
Je crois comprendre que le marchepied en se fermant a coincé son fil et provoqué un cour circuit. Je débranche au carré de connexion…niente, non è qui !
La nuit tombe…je déclare forfait.
Demain Roma, domani alla sera " Marina come va ? "

mercredi 3 avril.
Ecco Marina !
Le beau soleil a disparu, les nuages sont bas sur la lagune.
A t'on déjà eu notre météo pain blanc ?
Notre carte Michelin nationale Italie est trop peu précise pour nous guider vers les paradis
de la bande côtière, et l'Italie centre a été oubliée…
Civitavecchia
, premier objectif " carta stradale Latio "…les mignonnes vendeuses de la librairie
" Arsenic et vieilles dentelles " comprennent tout de suite…nous aussi en découvrant les coins perdus que même un GPS ne nous aurait fait trouver ! carte détaillée en poche petit détour
au supermercato Coop brillant neuf et bord de mer…il sent bon les algues.
Les cabanes de pêcheurs sur pilotis commencent à dominer la grève…
Santa Marinella
, un port de plaisance idéal pour une pause.. " No…sulla strada ! "
prego per un ora, mangiare e andiamo !…"NO sulla strada !" O capito, andiamo !
Plus loin, impasse vers un inévitable domaine réservé…BTS en prime ! Grazie !
Un groupe de retraités sur un banc, Daky fraternise avec un vieux copain, un aïeul qui en a connu des pêches dans le golfe de San Marinella. Avec quelques mots d'italofrançais on se positionne au dessus des alpes…c'est fou ce que Grenoble est connu de nos amis transalpins !
" Allo Marina…saluti Alain dove esta ? "…carte en main notre gentille romaine nous trace la piste vers son cottage d'Ostia…avec détour par la zone des concessionnaires campers de la capitale.
On reprend la via Aurélia qui nous berce depuis 2 jours… " Allo! qui Marina…allez a Pontina, Renato travaille tout prêt, il vous rejoindra vers les camper…Grazie Marina ! " …
Curieuse cette approche de Rome. En pleine campagne à moins de 20km et puis subitement
la circulare…là, c'est là que Marina nous a dit de sortir " direction Pontina "…Nous y voici, l'avenue est une longue vitrine exposition, mixage des marques, cocktail de gammes.
Le plus délicat est de choisir…le plus compétent au vu de la …couleur
plus ou moins délavée des affiches.
Allez hop là c'est parti pour Laï… " Buon giorno, parla francese ? No ! Ho un problemo di charga di batteria… " il a compris, je précise doigt pointé sur la centrale électrique. " Non e possibile, non avete questo materiale…prego. " Grazie, arriverderci ! …
Allez hop là au suivant, tiens celui - ci avec un majestueuse cellule de marque inconnue sur
le nouveau porteur Renault ! " Buon giorno, parla francese ? No !..... " " Non e possibile, non avete questo materiale…prego. " Grazie, arriverderci ! …Allez hop encore un…
cette fois on fait un pas de plus " non e pericoloso per il motore,andiamo et cambiare al ritorno" Allez hop, on décroche !
" Allo, sono Renato…aspeta mi, attendez - moi ! " .
Elle doît connaître la route la Fiat de Renato, destra, sinistra, encora destra…
je suis dans la cohue de la circulation du soir…Ca y est nous y voici !
Rue tranquille per la note. Comme dirait Clement : BTS sans B !
" Ah Marina, comme on est contents de vous voir ! "…
Marina, Renato, sémillante Clara, gentil Luca…
Marina et son impressionnante collection de louches de cuisine…Eh alors!
Maura collectionne bien les cigares et Gianni les aera di sosta ! Voilà notre trio complet.
" Voilà ton courrier Alain ! "…premiers messages de ma bal hotmail de vacances !
Première réaction à l'appel de CCeL pour notre projet " Etapes liberté ",
premier engagé : un suisse, vive la France !
Avec Renato on plonge dans les entrailles de " taccuinodiviaggio.it ", les entrailles html,
l'envers du décor.
Marina et Suzy plongent dans la doc sur la région méconnue du pied de la Botte, là où les croyances albanaises des immigrations du Moyen- Age ressuscitent des processions de Pâques hors du commun. Là où des immigrations plus vieilles encore laissent des copié-collés d'églises rupestres dans un vrai paysage de Cappadoce latine. Eboli, Matera …
sans nul doute une année prochaine !
Petites réponses à mon courrier, petites réponses grosses fôtes, sur le clavier international
de Marina . Je me mélange les doigts à la recherche du a et des accents….basta.. aperitivo !
Soirée magique d'échanges dans cette proximité de passion que nous donne internet.
Soirée magique d'expériences vécues.
Soirée magique d'idées et de projets.
Allez hop, Top secret !
Le temps s'est couvert…il est tard, demain certains travailleeeeent.

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Autostrada ..!
Jeudi 4.
Autodéluge.
La pluie est déjà levée. 1000km d'autoroutes devant nous.
Marina vient nous dire un petit bonjour, un mail de Sylvie arrivé dans la nuit, dernières recommandations de route…rendez - vous pour le passage retour. JPR. sera peut -être là.. coïncidences du net !
Il nous faut près d'une heure pour nous dégager de l'engrenage de circulation du " grand anno circulare " avant de piquer vers Napoli. Ou plutôt piquer dans un déluge du ciel qui ne nous quittera pas de toute la journée. Circulation infernale, trombes d'eau, chantiers de travaux, ralentissements accidents… c'est l'enfer ! L'autostrada est quand même un moindre mal,
on imagine ce que doit être la descente par la nationale.
Naples est contournée, Salerne frôlée dans un embouteillage hermétique,…
et le grand ruban devient gratuit…on lui pardonnerait presque ses excès !
Les stazionne servizi ponctuent la monotonie tous les cinquante kilomètres, quelques rares parcs de repos.. Et la pluie, la pluie, et encore la pluie.. on vise Reggio pour ce soir…
il nous manquera une petite heure.
L'autoroute qui s'était éloignée dans les montagnes de la Basilicata, revient vers le littoral
dans des envolées de gerbes d'eau. Et subitement alors que la mer éclate entre deux collines, un grand coup de blancheur déchire les nuages, les rayons du soleil repoussent les masses grises, un arc en ciel tombe derrière la forêt de pins…
Tiens le coup soleil ! tiens le coup…dans 10 minutes on devrait être arrêtés !
Sur la carte le coin repéré s'appelle Palmi, sur le terrain c'est plus bas, vers la mer,
le " Lido de Palmi "…Route coupée par des coulées de terrain post-orage…tant pis on y va ,
et on passe, on n'en est pas à une gerbe éclaboussante... quand on arrive en bas le soleil
est caché derrière un amas de nuages dantesques.
Mais quelle récompense après 700km de douche !
Le petit port est désert, les barques de pêcheurs alignées sur le sable,
les caniveaux gorgés font faire des détours aux quelques passants égarés …
La bas au fond, notre BTS…on l'a bien mérité.
Dans le chenal de Messine, les paquebots de croisière font du sur place, sur fond de soleil couchant la découpe du Stromboli et les légendes de Charylbe et Scilla !
La pluie a presque cessée , le restaurant du port désert est le seul bâtiment éclairé.
La frange des vagues brille dans la lumière du fluo du salon du Fleurette.

Vendedi 5.
Sicilia.
Les nuages sont bas, la cote Sicilienne illuminée hier soir est masquée dans les brumes.
Une langue de ciel bleu courre sur l'horizon. Il nous reste une petite étape, 400km, pour Trapani.
Sans attendre Reggio l'imbarco per Sicilia est à quelques kilomètres au nord.
Un rabatteur nous explique le processus, bigliettera andate et ritorno valable 2 mois ,
30% de remise, passagers gratuits…
En dix minutes nous sommes à bord du ferry, une demie heure plus tard nous voici a Messine, Autostrada vers Palerme, Suzy passe le temps en comptant les tunnels…10, 20, trente… trente deux et fino autostrada !
Les piliers de la suite, en cours de construction, nous narguent en corniche du littoral…
Les poids lourds s'accumulent sur notre bonne vieille SS113 qui épouse les formes de la cote… 80km de virages, et au bout le site magnifique de Cefalù, un port comme on les adore,
sans barre de hauteur !
Pourquoi l'autostradra ne contourne t'elle pas Palerme ?
La question doit valoir quelques tunes mafieuses !
Il nous faut près d'une heure d'embouteillages pour dépasser la capitale et retrouver le long ruban aux odeurs de mimosas encore chargés de fleurs. Trapani a une allure déjà mauresque, au pied d'un colline mythique. Ville proprette après ce que nous avons vu depuis quelques jours…un air de sud, avec ses laisser aller pleins de mystères.
Le port semble en sommeil…de toute façon c'est pour demain " l'embarco "…
Le guide michelin nous conseille d'aller au nord vers la plage San Giuliano…
on la dépasse sans nous en apercevoir, alors à notre habitude ….jusqu'au bout, ou presque !
Et ce sera Bonagia, des barques qui tressautent dans une anse,
un petit port un tout petit peu pentu, juste ce qu'il faut pour le plaisir de placer les cales…
et savourer un soleil rouge se couchant dans le clapotis des vagues !

samedi 6.
Traghetti.. !
Le petit port se réveille tôt. Dès 7heures les tchaos résonnent dans le petit matin.
J'imagine dans le dernier sommeil que nous sommes jour de marché…en fait
c'est la journée de pêche qui commence après 2 jours de suspension pour cause de déluge.
Un camion est venu livrer un lot de filets neufs, et tout le village s'active sur le môle pour étaler
et contrôler la cargaison.. le camping -car est vite cerclé de filets multicolores.
Allez hop, on passe par - dessus, le ferry nous attend. La station maritime est déjà envahie
des voitures tunisiennes chargées jusqu'à plus faim. Long contrôle des billets, long contrôle
des passeports…mais nous avons le temps, 2 heures d'attente ça forme la patience..
C'est " ça " notre ferry, ce vieux boutre jaune et noir tout juste bon à faire de l'inter - îles ?
Eh bien oui, c'est ça, et il faudra bien faire avec ! Départ à 11h…enfin prévu à 11h…
ou alors à 11h c'est l'embarquement, le départ lui, pénible et lent attendra midi et demie !
L'aïeul-ferry est plein à craquer, camions, minibus bourrés de cartons, de sacs de voyages obèses…ici une fiat uno plus haute sur la galerie que dessous, là un scooter trônant sur le toit d'un voiture de sport rutilante, retour au pays oblige…là encore une petite saxo écrasée sous
le poids d'un congélateur.. et au milieu de ce capharnaüm 2 touristes : un 4x4 allemand en tenue de Sahara , plaques de désensablage en batterie et jerricans en verrue…
et un Fleurette seul " vrai " camping - car dans cette soute d'Ali Baba.
Première épreuve passée, attaquons maintenant l'opération Daky…les ferries il connaît
à la longue, mais là il n'est pas rassuré. " Patron cache - moi, ne me mets pas au chenil ! "
mais non t'en fais pas tu restes avec nous sur le pont, d'ailleurs c'est même marqué
" Leash the dog ! ", tu n'auras droit qu'à la laisse…et même dans le salon !
Plouf dans les fauteuils vides, ils ne sont pas légion, et les premiers montés ont déjà marqué leur territoire, sacs de voyages ou sacs poubelles sont des indices de la colonisation.
Il ne nous reste qu'à passer le temps. Les conversations avec la famille voisine ne vont pas loin. Les enfants jouent avec Daky…enfin, jouent n'est peut - être pas le mot, car notre petit noir
est ensuqué par son comprimé calmant. Nous on va vite l'être, le chef du salon passe
de groupe en groupe et distribue des comprimés pour le mal de mer. Comme certains
ne comprennent pas le pourquoi de la distribution, il mime le pourquoi avec force gestes…
et ceux qui avaient des doutes ont vite fait d'avaler leur pilule miracle !
A chacun son occupation, la télévision braille dans un coin, un groupe allemand étale la carte
du sud et conquiert le désert, une pin-up égarée en costume paillettes tente de recharger
son téléphone portable sur une prise de courant ou déjà se forme une queue,
Suzy sort son inévitable roman anglais…et je me plonge enfin dans un guide Tunisie.
Enfin... car c'est Suzy qui a fait l'analyse documentaire.
C'est long…long…le vieux ferry vibre de toute sa carcasse.
Une voisine nous explique avec quelques mots de français que nous n'arriverons que vers 22h30…nous on avait noté 18h…Je vais faire un tour de repérage, à la recherche d'une place plus agréable….Allez on change, la grande salle du " restaurant " est assez déserte,
et là au moins on peut étaler nos lectures sur la table.
La mer est calme, le soleil brille, c'est les vacances….dehors. Ici, encore 5 heures à tenir.
Sur le coup de 18heures quelqu'un passe distribuer des petits papiers…nous n'y avons pas droit. Encore un peu et ceux qui ont eu droit au petit papier se voient servir une assiette
de pâtes et une langue de fromage…Tiens , tiens…serait - ce une annexe du Club Med' ?
Un voisin nous livre enfin le secret…le ferry est parti depuis 3 jours de Naples…
En 1 jour il devait rejoindre Tunis et blaqueboulé par la tempête il a dû,
après 2 jours de haute mer, se réfugier hier soir à Trapani..
Les malheureux venus de Napoli ont droit au repas gratuit offert par la compagnie.
Ils auraient préféré autre chose ! Encore une alerte collective….le remplissage des documents de douane . Fiches d'embarquement, de débarquement, fiche pour le véhicule à moteur,
fiche pour le conducteur, fiche pour les effets importés : frigo, machine à laver, lustres, foulards, fruits secs, liqueurs... on doit faire ou on doit pas ? " Ti fait, ti sais jamais ! "
Merci l'ami, de toutes façons on a le temps !
Les lumières Tunisiennes brillent dans la nuit comme une délivrance…23heures…
la grande porte du ferry nous donne une grande claque d'air…ouf !
Un commando d'hommes en orange au dos bardé d'un " portefaix " publicitaire plonge
entre les voitures dans un curieux manège de vérification de papiers…
Je comprends vite que ce sont nos premiers arnaqueurs, il faudra s'y faire !
Contrôle passeport, contrôle douane….il y a bien longtemps que nous avons perdu cette habitude stressante…les coffres des voitures sont vidées sans ménagement par les hommes
en orange. Celui à qui j'ai refusé " l'aide " dans le ferry me retrouve et me fait comprendre qu'il faut que je descende du ccar pour le contrôle….mais que si…bakchich….ça simplifierait !
Ben voyons ! Suzy va vite faire un peu de change au bureau ouvert…on compte la monnaie 1DT= en gros 1€…pas content notre homme, il demande 20DT, non mais tu rêves !
Allez ça va comme ça…reste un bureau.. une porte…
une adresse de BTS dénichée sur un vieil article de LMCC…minuit passé, non pas encore,
ici ce n'est que 24h…le nez sur la flaque immobile d'un port punique à Carthage !
Ca sent l'Afrique !

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Souks...
Lundi 8.
Souks…
" Notre " lagune punique est égale à elle même, sereine, étincelante sous le soleil qui darde.
Retouche au récit du jour et planning de la journée…l'OT, Médina, les souks, la grande mosquée, rendez vous avec Tahar le webmestre de " Bienvenue au Sahara ", Sidi Bou Saïd après le trop plein dominical…gazole et plein d'eau…Allez on commence par là !
Station service au hasard, et on rebranche notre bonne vieille méthode..
point 1 : conserver toujours la moitié du réservoir vide,
point 2 : d'abord repérer s'il y a un robinet d'eau, en Tunisie c'est plus facile qu'en Jordanie,
tu demandes ! " oui il y a, c'est la bas. " si le point 2 ne marche pas on passe à la suivante,
et si le 1 est vraiment près de la panne sèche, pas plus de la moitié du réservoir…
pour aller à la suivante ! Compris ? Sinon je répète pas !
Etape 2 : l'Office du Tourisme. Le flot de circulation nous déverse juste au pied du bâtiment qui trône à l'entrée de Tunis. Tout à côté, le grand hôtel du lac, une longue plage d'ombre domaine des bus touristiques, une petite place pour nous le temps de notre opération documentation. Elle sera plus rapide que prévue. Dans une petite pièce d'angle, une série de distributeurs
en fer torsadé, une demi douzaine d'hôtesses avachies…Alors la question sera profil bas !
" On pourrait avoir de la documentation sur Tunis et l'ensemble de la Tunisie ? "
Le tour de piste est vite fait, 5 petites brochures, que nous avons déjà depuis des années..
Quant au plan de Tunis : rupture de stock ! Tunisie tu mérites mieux que ça !
Etape 3 : Le parking de la rue Moktar est complet, le portail fermé.. à quelques cent mètres
nous découvrons un autre parking gardé... plein soleil. Qu'est ce qu'on fait ?
Daky qu'est ce que tu préfères : plein soleil ou te traîner dans la médina ?...Plein soleil.. ok, alors rideaux montés, vitres entrebâillées, courant d'air…A tout à l'heure !
" Allo Tahar… " " Il n'y a pas …à ce numéro Monsieur, ici c'est l'aéroport de Tunis "
Essaie à son domicile.. " Allo…Tahar… travail ! "…
Ca devait être son père et en français la conversation bute vite.. tant pis on verra ce soir !
Le taxi nous emmène vers la place du gouvernement, l'entrée la plus proche des souks intéressant… un petit quart d'heure : 2,200DT, en gros 2€..informations comprises sur la pénible vie taxée des taxis tunisois…ne nous en privons pas !
Etape 4 : Les souks se mettent lentement au régime de semaine…les échoppes de chéchias étalent leurs pyramides multicolores. " Madame, je t'explique comment on fait une chéchia… ! " Mais je le connais lui, je l'ai vu sur un article de notre doc !
Ben oui c'est bien lui.. la vedette du souk.. le pédago de la chéchia !
La rouge c'est la tunisienne, la noire c'est pour les libyens, les couleurs pour les touristes …

Bon pour moi, ce sera la rouge : 5DT , en gros 25FF ! le tiers d'un béret basque.
" Drelin drelin… le portable, ça vous trouve même dans l'échoppe du chéchieur …c'est Luc…
de l'autre côté de la grande bleue…super… "
La Grande Mosquée c'est juste après, il suffit de ne pas se laisser happer par les appelants
de magasins, on commence à s'y faire…Juste après, pour ne voir que la cour intérieur, banale en somme, pour…un peu plus cher qu'une chéchia rouge, avec en prime un minable ticket grisâtre…Mieux que ça, tu mérites Tunisie !
Les souks commencent à prendre vraiment vie, les babouches dégringolent des auvents,
le cuivre martelé au burin touristique brille dans le faisceau d'un quartz, les tuniques multicolores flottent dans le souffle d'un ventilateur, les corbeilles de mariages immaculées éblouissent
les jeunes couples enlacés…c'est le souk avec son éternelle rencontre de racines et de surfait.

On en verra d'autres, de moins apprêtés, mais à cette ambiance on y revient toujours !
Etape 5 : Un petit coup de taxi retour, encore nos 2€, et Daky nous récupère.
Direction " Carrefour ", ben oui notre Carrefour-made-in-France, repéré hier soir sur la voie expresse de La Marsa. Courses habituelles dans une organisation qui ne nous dépayse pas… Passer en 1 heure de temps des souks au temple de la consommation, ça aussi c'est une expérience, méthodes différentes mais l'appâtage du client ne change guère !
La grande plage de La Marsa est vidée des masses dominicales, le salon du Fleurette se place pile sur les vagues déferlantes…tu crois vraiment qu'on est obligé de retourner en ville ?
Je tente vainement de joindre Tahar, il faut dire que demain c'est férié : Journée des Martyrs, une de ces journées combattantes qui ont marqué les tiraillements entre France et Tunisie ! Curieux d'y penser aujourd'hui , alors qu'au Proche Orient 2 peuples n'ont pas encore trouvé la voie de la raison !
Maintenant opération cyber-café, ici ils s'appellent " Publinet ". J'ai préparé un message collectif, enregistré sur disquette…et le portable en bandoulière nous cherchons celui de La Marsa , rapidement trouvé. Pas de place disponible Monsieur !
Bon ça commence bien…Et où je peux en trouver un autre de Publinet ?
"Attends chef, viens…" on traverse la salle-club…une trentaine de pc sont en surchauffe, grande majorité de jeunes, de très jeunes scotchés devant des jeux…quelques étudiants sur des sites sérieux…beaucoup de filles, et jolies en plus jolies les surfeuses ! Le guide-en-publinet m'installe sur le pc du patron et me laisse me dépatouiller. 5 4 3 2 1 zéro c'est parti ! www.msn.fr....hotmail.. ça s'ouvre à la vitesse d'un chameau., elle est loin la gazelle adsl !
Mais ça s'ouvre, login, mot de passe…oualouh, je reconnais ma boîte…et j'ai même 13 messages, modulons…5 pub…Bon et je fais comment pour garder tout ça ?
Enregistrer, disquette…c'est comme chez nous dis ! sauf que ça te met tout ça en texte brut pas fameux à lire…Et la Meuse de la Vallée de Saulx que vient de nous distiller Sylvie qui est là cachée dans un gros fichier word…zip. Sylvie, zip c'est un truc pour perdre du poids !
et les BTS du voyage de mars de Clement qui arrivent après transit chez Marina, et…
Dites c'est quand même fabuleux ! bon, allez maintenant sens inverse, j'envoie mon petit message concocté sur disquette with le mondial outlook…eh bien nenni le mondial outlook,
ici on connaît pas !
Un coup d'œil dans l'explorateur me fait vite comprendre l'indigence des logiciels du club-publinet… juste l'essentiel pour aller sur Internet et faire le messagerie gourmande en connexion. Je commence à comprendre les messages accompagnés de messages en word-fichier-joint que nous gratifient les voyageurs.
Je me refais mon petit message et l'envoie à quelques amis…ça y est c'est parti !
L'opération publinet nous a pris 1 heure d'apprentis..2DT..moins de 2€ !
Le soleil tombe vite , trop vite…on va arriver a Sidi Bou Saïd trop tard…tant pis on fonce !
L'endroit est toujours magique, les boutiques commencent à fermer donnant le signal de repli aux derniers touristes…la rue commence à nous appartenir, un peu. Un village inouï qui résiste aux hordes qui suintent chaque jour sur ses pavés. Un village mythique pour de vrai, chargé d'une histoire religieuse écrite page par page par des centaines de générations. Un village décor où a été inventé le bleu tunisien, car ici plus qu'ailleurs le bleu foncé de la mer et celui plus léger du ciel se fondent dans un halo permanent. Il y a à peine un siècle un baron anglais construisit là une somptueuse demeure…prototype de ce qui devint le style fétiche et
le symbole de la Tunisie. Les boiseries des portes et fenêtres ponctuent les ruelles
de chef-d'œuvres. Les grilles s'épanouissent en volutes obèses aux dessus des tètes.

Les battants entrebâillés portent nos regards indiscrets vers des intérieurs où s'allument les premières lumières. Le vendeur de jasmin finit sa journée...
Comme tant d'autres, nous sommes sous le charme…
demain matin avant de démarrer vers le Cap Bon…nous reviendrons pour une balade matinale !
La nuit est tombée lorsque nous rentrons " chez nous ", " notre " lagune punique nous attend
au moment où le muezzin berce le quartier de la prière du soir !

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Cap Bon...
mardi 9.
Cap Bon
Le ciel est couvert, tant pis pour les portes de Sidi Bou Saïd !
Cap au sud vers le Cap Bon. On coupe au plus court par le bac de Radès, il nous évite 25km
de détour…et en plus il est gratuit, peut - être pour nous récompenser de subir ces quartiers industriels et rapiécés, hérissés de cheminées et de tankers. Hamman Lif…c'était la station balnéaire d'une certaine bourgeoisie, triste destin, la plage sélecte est un liseré dépotoir
et les massifs de géraniums déjà épanouis n'y font rien !
" Zone touristique " la pancarte est un peu anachronique dans cet environnement…allez hop ,
on va voir…le bétonnage à la va comme je te pousse…au bout d'une steppe désolée des enclos pour visages pâles, des aires de bronzage derrière de haut murs, des files de taxis jaunes qui attendent les désoeuvrés en quête de promenades typiques…
sur l'asphalte bosselé là-bas une colonne hétéroclite, carriole façon roulotte du Gers 
précédée d'une poignée de dromadaires encapuchonnés de touristes.
Le coin s'appelle Soliman, le magnifique !
la route de Korbous est coupée un peu plus loin.. la route vertigineuse que les guides 
nous promettaient. On va quand même jusqu'à Sidi Raïs, seul le Routard le signale, 
la presque piste vient buter sur une jetée piquée en pleine mer dans une anse paradisiaque encadrée de palmiers. Quelques pêcheurs proposent un maigre butin dans quelques cageots, l'un d'eux attendrit un poulpe en le projetant interminablement sur le béton.
" Tiens prends café ! " le pêcheur à la ligne, perdu dans 300 mètres de plage déserte 
me raconte le bon temps, du temps des français, où l'on ne passait pas son temps 
dans les cafés pour se battre…Décode qui pourra !
La route pour Korbous est une longue déviation sans intérêt. Dans les villages de terre 
des gamins proposent des galettes de pain. Un coude et la route s'infléchit vers la mer 
et le paysage devient à la hauteur de sa réputation. Une station thermale accrochée entre 
la roche rouge et le bleu pastel de la mer…faite pour les cartes postales.
Celles - ci semblent dater d'avant.. comme les immeubles qui longent l'unique rue…Avant…
du temps des romains, des andalous.. des français qui ont laissé là les dernières traces.
Des traces délabrées, décomposées, désolées et désolantes. L'horloge " Le Pointage " vestige d'une époque, semble marquer la rupture. Pourquoi ce laisser-aller, ici plus visible encore qu'à Tunis, parce qu'ici c'est un décor unique qui en souffre ! 
A Korbous 8 sources d'eau chaude répondent aux besoins de toute une série de maladies. 
Il faut les redécouvrir  entre les bassins décrépis et de nouveaux bâtiments 
qui agressent le décor…
C'est férié et des colonnes de voitures descendent au village…
La route vers le bout du Cap Bon coule dans de douces collines, entre les oliviers et les forêts de mimosas. Zaouiet Sidi Daoud, la route butte sur un village promontoire, le nez sur la berge.
Le Fleurette stoppe sur un tapis de fleurs dans une foule en liesse.. des gamins se précipitent
et nous entourent. " Bonjour Monsieur, comment tu vas ? 
Moi c'est Aïcha, moi c'est Alain…et toi… " tu sais Aïcha que t'as de beaux yeux !..
Sur le perron du marabout un groupe de musiciens, tambour et fifre, un jeune veau décoré
d'un bouquet de jasmin…les hommes se lancent dans une danse endiablée…

" C'est une tradition aujourd'hui…on fait le sacrifice d'un veau pour que la pêche au thon 
soit bonne ! "…Voilà le grand dilemme abordé, parler ici de pêche au thon c'est parler 
de cette pêche sanglante qui au printemps met aux prises les hommes armés de harpons 
aux thons prisonniers des filets. Notre monde n'aime plus tellement ces corridas là, 
et ici cela devient tabou ! Notre détour au port de Sidi Daoud n'en est que plus triste, 
lugubre port délabré, décomposé…lui aussi !
Au bout du Cap Bon, El Houaria est une avancée épique sur la mer.
D'ici, théoriquement, on voit la Sicile !
Le village est endormi dans ses maisons blanches.
Pour la mer c'est tout droit, en bas en - dessous des grottes romaines et pas accessible…
Une piste nous ouvre l'accès à une plateforme sans vis - à - vis..
Là-bas à quelques encablures l'île Zambretta…dans la brume. Pause-midi !
Vite regarde…regarde, un épervier…l'élégant fait du sur place, 
du stationnaire peut - être dans son langage…
et d'un seul coup la légende devient notre réalité. 
Trois lignes dans un guide et une belle explication dans un article que nous a envoyé Yves.. 
Ici les habitants pratiquent la chasse au faucon, chaque printemps au moment où les éperviers-faucons transitentau - dessus du cap. Piégés dans des filets ils sont dressés 
quelques semaines,avant d'être au centre du festival de l'épervier en juin puis remis en liberté.
Et nous, nous sommes là, au premier rang du vol d'un de ces maîtres du ciel.
Subitement deux mouettes viennent perturber l'oiseau planeur et lui fondent dessus !
Yves et Rachel seraient à la fête ! La danse est curieuse entre le vol ample de l'épervier 
et les battements d'ailes saccadés des mouettes…
mon Nikon n'arrive pas à capter le moment, quel dommage, ou quelle inexpérience !
Retour en " ville "…le ksar de l'association des fauconniers est fermé…
le centre du village est tonitruant, une échoppe de musique a sorti sur le trottoir 
un baffle énorme qui déverse ses décibels. 
Vite quelques images de portes décorées et on fuit cet assourdissement !
Kelibia n'est qu'à une vingtaine de kilomètres, Kelibia la blanche…
et c'est vrai vu du sommet de la citadelle.
Elle en a vu des navires cibler ses hauts murs la citadelle ! 
Depuis 13 siècles elle émerge du paysage de la plaine. 
Du haut de ses 150 mètres elle domine le port d'où tous les soirs 
s'ébrouent les pêcheurs aux lamparos. 
Et ce là-haut est un moment fort, il y a comme une vie entre ces murs imposants, 
crénelés de meurtrières qui pointent encore leur canons vers le large. 
Ce sont peut - être ces tapis de fleurs printanières qui donnent vie a ce monstre de pierres.
La ville, elle, est à l'intérieur des terres, indolente à l'image de celles qui seront notre quotidien. Et la plage excentrée elle aussi, là-bas vers les complexes touristiques 
qui cherchent à vivre plus longtemps qu'une brève saison. 
Aujourd'hui ils sont désertés, délavés, vidés de leurs visages pâles…
la forteresse voit-elle cette occupation de là-haut ?
Les rouleaux de mer s'écrasent sur une plage désespérément vide…
Le parking de la plage, ou du restaurant unique, est immense…
quelques voitures viennent poser leur nez sur le spectacle des vagues. 
La nuit tombe…le public change, des camionnettes débarquent, emplies de jeunes…
et que sortent les bouteilles de bière, les canettes de la prohibition…
mais ça, on l'a vu aussi ailleurs !
" Allo…Tahar, s'il vous plaît ! …Ah c'est vous qui avez appelé ? 
Tahar il n'est pas encore rentré, mais il vous attend.. " 
Sympa Madame Tahar.. rendez - vous est pris, nous repassons à Tunis après - demain.
Et demain c'est Nabeul, nous y retrouvons l'ami Slim qui webmestrise le site 
de l'association de sauvegarde de Nabeul.
Vous avez dû remarquer que la nuit baisse le son des vagues de la mer, c'est vrai ici aussi !
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Nabeul...
Mercredi 10.
Poterie de Nabeul
Les vagues ce matin ont baissé de ton, les rouleaux sont tout en douceur.
L'éclairage du port est étincelant. Les chalutiers sont rentrés de leur sortie de nuit, 
nous arrivons trop tard pour la criée. La barrière du port est fermée, je demande l'autorisation d'entrer pour quelques photos. " Tu ti mets là-bas ! " Les derniers cageots passent des chaluts aux camionnettes frigo des restos touristiques, les immenses filets noirs sont hissés sur les quais pour vérification. Les hommes peinent sous le poids, les doigts voltigent entre les mailles
pour réparer les trous. Mon intrusion dans ce petit monde crée diversion, chacun veut faire
son cadrage sur le numérique, voir le copain, se voir… je lâche du lest avec quelques images pour rien , vite effacées.. l'essentiel est d'avoir témoignage de ces moments d'activité.
Menzel Temine, gros bourg agricole tout tourné vers les terres au point d'oublier les vertus
d'une superbe plage.
Korba aussi tourne le dos aux vagues qui viennent lécher le sable fin de l'immense plage..
Des langues d'étang s'étendent sur des kilomètres, des milliers d'oiseaux virevoltent, des groupes de flamants roses ponctuent les zones marécageuses vertes. Il est 11 heures, 
les rues sont envahies par des centaines de lycéens en fin de cours.. le Fleurette tente 
de se frayer un passage entre les groupes animés d'éternelles discussions qui remontent 
vers le centre ville..
Nabeul fait l'effet d'une grande ville. Opération Office du tourisme, enfin un accueil décent !
Le plein de documentations, les mêmes brochures qui nous poursuivent depuis des années..
Et puis l'essentiel recherché sur Internet sans espoir : les dates de la foire de Nabeul,
ça y est on l'a : du 19 avril…trop tard, nous ne sommes que le 10…
au 5 mai…un petit espoir pour notre remontée du sud !
La plage de Nabeul est immense, mais les accès réduits au minimum…
on trouve une percée entre 2 immeubles.
Récit jour au jour de la matinée, transfert des images…
cela est devenu une habitude de notre halte de midi.
Batterie en alerte…branchement alimentation, que se passe t-il…rien n'arrive au pc…
Alerte, plan Orsec…
Documentation Tos-hi-bah !...rien n'y fait.. C'est beau le progrès, ça vous donne des sueurs froides lorsque la bougie s'éteint ! Je reprends point par point toutes les causes…
le convertisseur OK, ça fait d'ailleurs près de 30 ans qu'il bosse sans la moindre défaillance…alim OK, le voyant fait bien de l'œil…mais sur l'ordi nenni, pas la moindre led signalant une entrée de tension…NOUS VOILA BEAUX !
C'est le moment d'avertir Slim que nous sommes arrivés ! 
Il va bien nous trouver un ordi-man compétent dans sa belle ville de Nabeul !.. 
" où êtes - vous.., sur la plage …attendez j'arrive ! ". l'attente est longue, 
une attente est toujours trop longue quand on attend, ne trouvez - vous pas ? " Salut Slim… ! " 
Slim c'est le jeune créateur du site Internet de l'association de sauvegarde de Nabeul, 
de ses traditions ,de ses racines.. dans " la vie " il officie à l'université de Tunis après des études en France, à Lyon et Toulouse. " Alain, on va tester la sortie du bloc alim.. 
il me faudrait un multimètre.. " " Mais j'ai un multimètre ! " …le bloc cuisine de Suzy 
est transformé en atelier…il y a bien un problème quelque part… ! 
" Alain, je vous propose : on va voir les potiers, on passe chez moi pour que je fasse 
des tests complémentaires.. il vaut mieux ça que croire à un vendeur d'informatique.. 
" C'est beau la compétence !
Allez Slim, on suit, et on suit la Mondéo dans les rues inconnues…arrêt en bord de route… "
" C'est Sahbi, mon beau-frère.. ! " Sahbi est surpris en pleine trituration de pâte d'argile..
Une frimousse intellectuelle, une petite barbiche avec une goutte d'argile brune accrochée
au dernier poil.. " Je mets au point une nouvelle fabrication..
c'est une idée d'un client… " L'idée prend la forme une jarre-barbecue…
Les yeux de Sahbi pétillent de passion.
La passion qui se transmet dans les gènes de potiers…son grand père était potier ici, 
dans les casiers de ce futur show-room on trouve des siphons de wc qui ont plus de 50 ans. Son père était potier…il vient encore ici de temps en temps échanger sur les difficultés d'innover..Sahbi c'est au Japon qu'il a appris le métier, pas celui de potier, encore que…
celui de roboticien ! Quand il pétrit la pâte c'est pour le bonheur, quand il parle des robots émotionnels c'est aussi pour le bonheur ! La jarre barbecue est séduisante, pour un peu 
on la coucherait presque sur le toit du Fleurette !
" Alain…on va voir les fours ! " Allez, on va ! J'en oublie presque les affres de l'ordi !
Quelques centaines de mètres et nous voici dans la zone des fours.
Ils étaient en ville avant, mais la nécessité urbaine les a délocalisés ici.
L'atmosphère sort un peu du Zola début de siècle. Slim et Sahbi nous entraînent
dans les profondeurs des ateliers où se tord la pâte, où sèchent les pots ventrus,
où se résignent les jarres déviées en pot de fleurs pour jardins allemands.
Ali est le maître des lieux, Ali et son tour guidé au feeling d'une main caressante.
Sahbi nous entraîne dans le circuit de fabrication. L'argile vient des carrières de Nabeul,
mais aussi de Limoges, eh oui, pour les assiettes. Les couleurs sont encore ancestrales :
du plomb et de l'antimoine ça donne du jaune, avec le l'oxyde de cuivre voici le jaune….
On descend à l'intérieur même d'un four, dans la dalle encore chaude de la précédente fournée. Sur le sol de poussière il me trace la courbe de cuisson…en abscisse la t°, en ordonnées 
le temps…il y a 4 phases de montée en température, 3 jours de patience…
vous suivez toujours ?

Sur nos tètes les ouvertures de respiration du four débouchent sur le ciel.
Passons par - dessus…le film est à son zénith ; ici rien ne se perd tout se transforme,
les jarres limites en qualité servent de bouchons aux trous de ventilation, les déchets du broyage des olives se préparent à donner une énergie irremplaçable à la prochaine fournaise…
Sahbi est passionné et passionnant…on passerait bien la nuit à réfléchir avec lui à l'intégration des robots émotionnels dans ce cycle merveilleux de la transformation de l'argile…
On reviendra…ah si seulement on pouvait !
Détour chez Slim, son bureau atelier et son multimètre…du 19 volts il y en a en bout d'alim…
" mauvaise nouvelle ! "On branche l'alim sur le portable…ça brille " bonne nouvelle ! "
On titille la fiche d'entrée, elle dit oui, dit non,on a compris " mauvais contact, bonne nouvelle "… Je ne sais pas jusqu'où ça tiendra mais j'ai comme l'impression de revivre. " Choukran Slim ! " Suzy a trouvé compagnie avec Narjès , elle aussi a fait ses études en France, et enseigne maintenant l'informatique à Tunis.. Le 19 volts nous laissant un peu de répit on peut enfin bavarder, se rencontrer, c'est pour cela qu'on est là ! Etudes, avenir, vie tunisienne, compréhension des interrogations que nous suscite le quotidien…c'est toujours trop court lorsque l'on est bien ensemble…demain Slim et Narjès prennent la route de Tunis pour le travail, nous on prendra la route de Tunis pour encore découvrir !
Petit tour en ville pour repérer des points de visites au programme de demain matin 
et nous revoici sur nos vagues de la plage…Ca va mieux…
en ajustant avec précision la fiche d'alim de l'ordinateur.. ça marche !
Ce soir le S de BTS pose quelque angoisse à Suzy, les bâtiments de la plage sont délabrés
et lugubres. On se place près d'une maison défendue par 2 chiens enchaînés…
en plus la surveillance, en moins la tranquillité s'il leur arrive de se déchaîner…
et c'est justement cette nuit qu'ils ont choisie ! 2 heures du mat, mélodie en ouah ouah 
avec écho en face…
Au bout d'une heure on y tient pas et je déplace le Fleurette de quelques 100 mètres…
le calme enfin, dodo !

Jeudi 11.
Plan de bataille pour la journée, beaucoup à faire…les nattiers, les tailleurs de pierre..
et retour à Tunis pour l'agence maritime, le Bardo et ce soir Tahar.
Les quelques nattiers rescapés de Nabeul ont atelier dans les rues autour de la poste..
Métiers rustiques posés à même le sol. Il y a comme un sorte de tissage dans la forme
et dans le geste. Les nattes de jonc et d'alfa s'allongent et préfigurent les paniers
qui s'accrochent aux murs. Les tailleurs de pierres sont regroupés en sortie de ville vers
le nord…toute la rue principale de Dar Chaabane vibre dans la poussière soulevée 
par le vent du sud. Pierre blanche de Nabeul, rose de Djerba, jaune de Sousse…
ici les blocs deviennent des formes de décoration architecturale. 
La pierre est tendre, le burin pénètre avec douceur,
les chapiteaux de colonnes deviennent vite romains !

Il nous faut reprendre la route, elle glisse dans une campagne plantée de vignobles…
l'autoroute nous amène encore plus vite à Tunis…pollution, circulation…
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Bienvenue au Sahara ! 

Bardo...
Jeudi 11.
Sites passions !
Il nous faut reprendre la route, elle glisse dans une campagne plantée de vignobles…
l'autoroute nous amène encore plus vite à Tunis…pollution, circulation…
Opération validation de notre traversée retour…l'agence maritime est sur l'avenue Bourguiba,
j'en tairai le nom par gentillesse " prix citron ! "..
Deux employées indolentes, ni un bonjour, ni un regard…le temps passe, 
l'une remplit des fiches , l'autre au téléphone, la main en cache - voix, 
raconte visiblement sa vie à une copine. 
Le temps passe, on s'assoit en face d'elle pour marquer notre présence. " C'est pour quoi ? " Pour confirmer un billet de ferry vendu open en France… " C'est quelle date ? " 
De tête je dis le 8 mai…j'aurais pu dire 15 août cela ne changeait rien.. elle prend le billet, marque 8 mai dessus, un coup de tampon… " c'est bon ! "
Ah bon…je vous ai dit le 8 , mais vous n'avez pas vérifié ! " C'est bon ! "…
Et elle reprend son dialogue avec la copine…
Direction Le Bardo, le grand musée.
L'air est étouffant, la météo a prévu du vent du sud….il est là…
Juste de quoi mettre le museau du Fleurette dans un peu d'ombre…
Les gros murs du Musée nous font l'effet d'un bain de fraîcheur.. C'est toute la civilisation méditerranéenne que nous content les mosaïques du Bardo. La collection donne le vertige.
Les murs constellés des plus importantes mosaïques d'Afrique du Nord sont eux - mêmes
une mosaïque éblouissante. On n'en finit pas d'entrer dans l'intimité des villas puniques,
des bains romains, des polychromies andalouses…Bacchus, Dyonisos, Neptune sont 
nos compagnons de transit…Les bacchanales épousent les saisons, les chasses terrestres 
et maritimes alimentent notre imaginaire des scènes rurales.

Hercule ivre nous salue son zizi ivre de fierté ! 
Et lorsque nous reprenons terre dans le " département " de l'architecture arabe…
le choc est dur avec la banalité !
L'air " vrai ", celui de l'extérieur est toujours étouffant.
En attendant notre rendez - vous avec Tahar nous fonçons prendre un peu d'air frais
sur le fronton de mer de La Marsa. Nous avons déjà nos points de repères !
Ouf, ça va mieux…le grand vent du large balaye les odeurs de Sahara.
On est à peine arrivé devant le parking du grand hôtel 4 étoiles que Tahar nous rejoint .
Michelle son épouse nous avait averti ce matin par téléphone qu'il serait accompagné 
par des amis français…présentations : Raymond, Marie Claude…Suzy , Alain…
nous on est de Grenoble…et nous d'Herricourt.. comme le monde est petit !
On te suit Tahar ! le Fleurette se faufile derrière la Golf dans les quartiers nord.
Marche arrière pour rentrer dans le jardin.. on ouvre toutes les fenêtres, la nuit s'annonce torride.
Tahar est le créateur du site " Bienvenue au Sahara " c'est pour cela que nous sommes 
en relation. J'ai découvert et aimé ce site de passion d'un passionné.
" Moi j'aime ma ville natale Nefta.. alors j'ai voulu en parler ", et puis d'une page à l'autre 
ce sont toutes les villes et traditions du sud qui prennent vie sur le site de Tahar.
On parle sites, de CCeL qui ne peut être vu ici car les sites " gratuits " comme ceux de Free.fr posent quelques problèmes ici…tout au moins c'est ce qui se dit. Raymond lui aussi est très " branché "…il est né en Tunisie lui, toute petite enfance du côté du Kef, où il revient parfois
à la recherche de la maison natale…maintenant proviseur de lycée dans notre Franche - Comté, lui aussi il a été passionné par le site de Tahar..
Et nous voici devant le couscous de Michelle, bretonne elle, 
philosophant sur les grands courants qui ont formé la sérénité tunisienne. 
Le temps passe, les heures s'oublient…et pourtant il faut bien se poser, 
demain les uns reprennent l'avion, les vacances scolaires
c'est fini, un autre ira informatiser l'aéroport de Tunis…
Michelle sera là demain , ce matin pour nous ouvrir le portail !
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<<< allez voir le site de Tahar " Bienvenue au Sahara"
c'est a
www.chez.com/nef2/index.htm
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Bizerte...
Vendredi 12.
Bizerte le retour.
La nuit a été moins torride que prévue…enfin, le morceau de nuit !
Cap au nord vers Bizerte, par le chemin des écoliers. Il est difficile de s'imaginer le destin d'Utique, prospère cité maritime, difficile tant le recul du rivage l'a éloignée de la mer.
A la fois modestes et impressionnantes les ruines ressurgies de terre !
Le champ de fouille est cernée par les fleurs printanières. Les mosaïques racontent leurs évolutions, ici 3 couches sont encore apparentes, puniques, romaines, arabe..
leçon d'histoire à ciel ouvert !
Les fouilles sont récentes, en cours, inachevées, et il nous plaît d'imaginer le résultat lorsque
la Maison de la Cascade ne sera plus seule à nous proposer son impressionnant jardin romain avec sa fontaine fresque, lorsque la nécropole aura livré ses squelettes et ses trésors !
Au petit musée des vitrines délavées gardent sagement des objets imprégnés d'imaginaire. Jendoubi, le gardien guide, pioche dans son vocabulaire les mots pour nous narrer la vie de
" ses " objets…Dans une statue de Neptune, barbu comme Jendoubi…ah il n'avait pas remarqué…un clic clac de numérique et je lui en donne la preuve. Aux anges Jendoubi !
La campagne prend des allures gourmandes vers la côte de Raf Raf..
Ghar El Melh
est une porte turque dans une lagune camarguaise…
La végétation luxuriante coule jusque dans le vert des bords de mer, vert d'algues,
vert de marais…Serait - ce un jardin d'Eden ? Les primeurs sont en primeur, les champs
de pommes de terre au plus fort de leur verdeur, des équipes de maraîchers les soignent,
les binettes luisent au soleil.. les rigoles d'irrigation sont fignolées rang par rang avec une rotation régulière…

Plus loin le petit port clapote de barques au repos, Anour le pêcheur remet en état le filet 
tailladé hier soir par un gros poisson trop impétueux.. et plus loin encore, 
au bout de la route qui court entre les salines le nouveau port en eaux plus profondes 
a une allure un peu trop industrielle pour nous retenir.
Raf Raf…rien à voir…on passe !
Au bout du Cap Zebib un nouveau port dans une anse de paradis : BTS midi !
L'arrivée à Bizerte au travers Menzel Djemil est industrielle, le pont mobile jeté au - dessus
du goulet me donne une image de la ville que j'ai bien du mal à reconnaître.
On ne gomme pas facilement les images imprégnées dans la mémoire. J'ai passé ici, service militaire oblige, près de 3 ans, au moment des dernières convulsions de la présence Française. Le vieux port est toujours là, lové au pied des remparts, le grand immeuble phare 
qui théâtralisait le front de mer est perdu au milieu de ses semblables, 
des blocs HLM qui se délitent, un peu plus loin…la vie passe !
On repère un BTS pour ce soir, ce sera au port de plaisance, 
à quelques pas de la capitainerie , le salon sur le large.
Tour de ville rapide pour en humer l'atmosphère, la visite sera pour demain. 
Tiens " on " démolit le vieux quartier autour du marché…Un vieil immeuble colonial résiste, immobile et frondeur, au centre des décombres. La rue l'ignore, elle vit aujourd'hui. 
C'est l'animation de fin de journée,le moment où toute la population est versée entre échoppes et petits stands de vendeurs multiraciaux. Ces images aussi je ne les avais plus. 
Dans mon imaginaire, peut - être formé par les images du " diaporama sonorisé " 
qu'à l'époque j'avais réalisé, Bizerte était ville vide.. peuplée de rares silhouettes placées là 
par la providence pour donner vie à mes cadrages .
Plusieurs " services publics Internet ", c'est comme cela qu'on les appelle en Tunisie, 
disquettes en poche je fais halte pour récupérer quelques mails sur mon " adresse vacances "..Là encore les images font la différence…à l'armée j'étais dans les transmissions 
au centre de chiffrage.
A quelques mètres de mon ancienne caserne je me retrouve à décoder l'enregistrement
en réseau de mes messages sur disquette !..

Samedi 13.
Dépann'express
La nuit a été revigorante après l'agitée de Nabeul et la très courte de Tunis…
Le soleil a déjà pris possession de l'entrée du port. Allez on visite !
Le vieux port s'éveille à peine. Quelques pêcheurs préparent les pinceaux 
pour redonner un peu de couleur à une barque délavée.. 
L'hôtesse de l'office du tourisme, dénichée au premier étage au fond, bureau à droite 
en suivant le guide…sort visiblement de sa nuit et toute surprise de notre présence 
trouve tout juste la pile de brochure pour répondre à notre demande.
La galerie de l'OT donne sur le vieux port au travers des grilles bleues 
qui signent l'architecture tunisienne. Une barcasse passe lentement entre les mailles des grilles, une dragueuse daewoo sonde le fond du port à la recherche d'un hypothétique trésor…
Près de la kasbah une échoppe de dinandier résonne dans la ruelle vide, 
une portée de chats s'enfuit devant la progression conquérante de Daky, un voile blanc hésite 
et oblique dans une ruelle latérale…une porte entr'ouverte se ferme rapidement…

Le minaret de la Mosquée se détache au - dessus des tôles qui protègent la venelle du soleil.
Au débouché d'une ruelle nous débouchons sur le vieux port,
un bourricot passe surchargé déjà de touffes de jonc..
Les remparts dans le soleil matinal ont une belle couleur ambre. 
Une petite porte cachée sous un porche, un ticket à un demi-dinar, 
un escalier érodé par les fantassins de plusieurs siècleset nous voici sur les remparts, 
là où l'histoire a écrit une grande partie de notre monde.
Là-bas l'orient et ses hordes barbares, là-bas l'occident et ses barbares hordes..
ici une promenade dallée, un jardinier déjà essoufflé devant son projet du jour ;
la découpe au ciseau de 2 mètres carrés d'herbe autour d'un oranger.
Pour rentrer dans la kasbah il faut redescendre, tourner tout autour pour retrouver l'unique porte en chicane . Le dédale des ruelles est étrangement silencieux, presque mystérieux.
Les voûtes et les arceaux découpent des dessins d'ombres sur les murs chaulés.
Le soleil inonde les lisérés des terrasses. Deux gamins s'entraînent pour de venir Zidane,
je joue Barthez et ils sont au septième ciel du mondial. 
Un voile blanc se profile entre les angles bleus qui soulignent la mosquée, 
je joue Nikon et mes pixels sont au septième ciel !
On y resterait des heures, tous ceux qui se sont égarés dans les kasbah, 
à l'écart des bruits des venelles commerçantes connaissent ce charme irrésistible.
La ville moderne est déjà trépignante, le marché aux poissons tire à sa fin,
les paysans du marché aux légumes haranguent les gens de la ville.
C'est l'époque des fraises, énormes, la fin des agrumes, le top des artichauts..
Des marchés on en verra des dizaines mais chacun a son rythme, son humeur, son odeur…
alors aucun ne se refuse.
Opération boisson, traduisez vin, le rayon vinicole ; étiquettes maintenant connues du gris
de Tunis, du Royal Muscat…ils ne sont pas légion. Pour le vin on paye ici, le vendeur dans
un sourire de connivence place les bouteilles dans un sac plastique noir, un second sac noir.. discrétion oblige à la caisse !
Tout près du grand lycée, un restaurant " pizzas à emporter "…aubaine…Suzy fait le menu.
Un trio de lycéennes me prend en charge, jaloux va !... " Comment tu t'appelles ? "
Moi c'est Alain et toi… " Et ta femme ? "…" Ma mère travaille en France, à Dijon…et moi
mon cousin à Montpellier… ".. " A l'école j'apprends le Français, l'Italien, l'Anglais…en Anglais
je suis un peu fatiguée, alors je préfère l'Italien " " Si tu veux tu viens manger à la maison… " merci Yasmina.!
Ah si l'on pouvait être partout à la fois ! La rue est devenue une fourmilière de jeunes,
les garçons dont le lycée est à quelques encablures viennent côtoyer les filles,
histoire de les …protéger dans le trajet retour à la maison, on est samedi-midi l'école est finie.
Nous, on oblique vers le nord, la corniche " C'est beau tu sais  ! "m'a dit Yasmina
A la frange de la promenade des palmiers, subitement un paquet de camping-cars français entassés dans le résidu d'une ancienne rue. Le cul sur la circulation. " allez on va dire bonjour ! " Demi-tour, arrêt au hasard devant le 38 de Jean-Pierre et Arlette, c'est comme le port salut c'est marqué dessus… " Salut ! Vous arrivez.. ? " " Nous on a vu votre ccar garé en ville en passant…Nous on vient de Lybie, avec l'organisation Trucmuche, là c'est Miche notre chef..
Il y a 2 mois que nous sommes partis, maintenant on rentre…Quoi, vous voyagez tout seuls... " Ben oui.. allez savoir pourquoi ? Qu'est ce que t'en dit Gaby ?
Peut - être parce qu'ici le nez sur le gazole on se sentirait mal !
On pique au nord donc. Route de corniche sans papiers gras…ondoyante avec douceur entre les hôtels puis se perdant dans les landes du Cap Blanc, là où les bruits sont ceux du vent.
Une route rustique se détache sur la droite, direction La-Grotte…on verra bien. Un troupeau
de chèvres noires occupe la piste qui continue la route.. le berger les prie de déguerpir.
La piste de terre dure nous dépose sur une plateforme de rochers battus par les vagues étincelantes d'une mer de carte postale. BTS ça veut dire quoi ?
Trululu, trululu…ça passe même ici…miracle gsm… " Ouah, ouah Daky c'est Ykess…quoi...
 le temps est dégueu là-haut ? Attends je mets le mobile à la fenêtre, tu sens l'air marin ? "
Quelques voitures ont suivi la piste. Le vent du large se sent moins seul.
A la radio on parle beaucoup de l'affaire-accident-attentat-etquoiencore de la Griba…
mais pour nous Djerba c'est encore loin !
La batterie de l'ordinateur faiblie…alimentation….tiens , tiens ça recommence…
le mauvais contact qui depuis deux jours s'était mis au " bon " se remet au mauvais…
et même désespérément mauvais. Je retourne la bête, devisse les multiples vis torx 
pour accéder à la prise femelle d'entrée.. peine perdue, la coque refuse de s'ouvrir.
J'abandonne, direction ville…avec l'aide de mon hôtesse du cyber-house je devrais trouver
un réparateur micro ou radio. La mignonne n'est pas là mais le responsable du jour m'indique
le principal magasin informatique de Bizerte. C'est à 2 pas…pas de chance, samedi closed !
Le cordonnier voisin met son crâne en réflexion et me propose une autre rue où se trouverait
un dépanneur.. C'est aussi à 2 pas ! Pas de chance c'est devenu un distributeur de GSM.
Je présente quand même mon problème. " Tu vas chercher ton portable, on va voir ! "
Tiens mais tu parles bien le Français…" Je suis Français, d'Aix en Provence, ma femme est Tunisienne ! ". L'ordi sur un coin de comptoir, l'alim branchée dans un autre coin, le symptôme est toujours là….on titille la fiche, de temps en temps une lumière et puis plus rien…
un geste un peu plus hasardeux, ou plus précis, nous livre la cause, c'est le fil qui est coupé
en sortie de la fiche.
Maintenant c'est sûr… " " Mabrouh ti va chercher une fiche à côté du café d'Espagne.. on va réparer, t'en fait pas Monsieur ! ". Un client de passage conduit Mabrouh…et quelques minutes les revoici avec une fiche. On monte au premier, l'atelier clinique…bon, oui je passe sur l'état des lieux, l'important est le fer à souder. " Monsieur, je peux couper là ? " Là, c'est avant le toron rond qui doit être un filtre ou un fusible…c'est oui bien sûr, je ne vois pas comment je pourrais dire non. On coupe , on chauffe, on soude.. on essaie : nenni ! Doit y avoir un loupé quelque part ! " T'es pas professionnel…ta soudure elle est pas bonne… " ils sont trois maintenant autour de la fiche salvatrice qui ne sauve rien . " va donc voir.. x…. ! "…je prends l'ordi sous le bras, Mabrouh tient ferme l'alim avec sa fiche pendante, un autre client nous embarque dans sa Renault 12…et pour un peu la police nous ouvrirait les rues tant l'équipage est fier de sa mission. Docteur Dépan'radio, prévenu par GSM nous attend et laisse tomber un gros client, gros au niveau ceinture, qui ne comprend pas trop notre intrusion en fanfare dans l'échoppe.
Le maître en ondes a vite fait de repérer le minuscule fil un peu trop marié à la masse,
n'est pas soudeur qui veut !
Deux minutes et la led clignotante de l'ordi retrouve son rythme de chargement ! Hourrah !
Combien je te dois.. ? C'est ce que ti veux ! je glisse à Mabrouh un billet de 10Dinar…
à voir les visages je suis généreux.. et surtout soulagé !
Nous voici avec 2 heures de perte pour atteindre ce soir Tabarka.. tant pis, on sera où on sera !
Avant de quitter Bizerte je suis tenté de retrouver la caserne où j'ai passé de si longs mois…
ça devrait être dans ce coin…des morceaux d'images se recollent, le puzzle s'éclaire , s'illumine à la vue d'un toit, d'une terrasse, c'est là c'est sûr, rien n'est changé…sauf que le linge étendu c'était interdit, affaire de mœurs ! Mais c'est bien là, l'énorme bâtiment qui longe la rue,
et là-bas la grande grille d'entrée du quartier où je passais des nuits le casque sur les oreilles pour capter d'éventuelles incursions dans la zone…
Ca remonte à une vitesse faramineuse les souvenirs !
Allez on avance !
Là-bas, vers l'ouest où nous allons, les gros nuages d'orage masquent les collines..
La campagne est belle dans cette lumière étrange…les forêts de pins, touffues, les vaches
dans les champs efflanquées…Le lac Ichkleul scintille au loin, des nuées d'oiseaux tracent
de longs sillons dans le ciel …La route semble être nouvelle mais technique ancienne,
on sent la piste sous le mince ruban d'asphalte.
Nous arrivons à Sejenane alors que la nuit tombe.
Rapide tour du village, on est déjà bien loin des villes côtières,
Une plateforme en haut du village, juste à côté du poste de police…ça ira pour ce soir.
A peine arrivé: " Bonjour Monsieur je suis le chef de la police, vous voulez rester la voiture ici ? vous pouvez venir devant la police.. " Ce sera bien ici, là-bas c'est en pente et dans la rue… ! On décide d'aller faire un petit tour en " ville " lorsqu'une pluie de pierres s'abat sur le Fleurette.. Ah Daky n'aime pas ça, lui qui aboie rarement il faut le calmer. Je sors rapidement pour mettre en fuite les inévitables gamins assaillants. Ca court dans tous les sens et quelques adultes leur font aussi la chasse. Allez, on le fait quand même le petit tour de ville ! Le boucher trône avec 
sa tète de boeuf-trophée agressive pendue à un crochet. On passe devant le poste, un policier nous explique qu'il veillera à notre T du BTS…bon ouaih, peut - être n'a t-on pas les mêmes valeurs…les gamins rodent encore autour du ccar avec le troupeau de chèvres qui reviennent nuitamment du pâturage. Un nouveau policier vient nous rendre visite pendant le repas…
" Vaut mieux pas rester là…ti viens là-bas, c'est un endroit pour la voiture ! "
Suzy n'attendait que ça, ici le S commence à être hypothétique .
Dommage, on était en première ligne sur les nids de cigognes.
Tant pis tant mieux, nous voici à quelques cent mètres dans ce qui, de nuit, semble être
une propriété privée…On verra demain ! Ordi > transfert photos > récit > dodo !.

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Krouminie...
Dimanche 14.
Krouminie.
Le soleil de Sedjenane est à son comble.
Le mystère se lève sur le BTS…après tout pourquoi pas.
C'est le parc-king d'un café restaurant qui a du avoir son heure de gloire et qui, comme une infinité d'autres, a du mal à résister à la désaffection et au laisser - aller. Des amas de briques traînent un peu partout, les papiers sont poussés du pied par les premiers clients…
mais qui donc les ramasserait pour les mettre dans la poubelle…
au fait quelle poubelle, où elle est la poubelle, où elles sont " les " poubelles ?
Des vols caquetant de cigognes frisent les toits. Au - dessus de la gare un grand huit
de wagonnets rouillés, vestiges des mines de phosphate, et l'incroyable décor de dizaines
de nids de cigognes, posés sur les wagonnets, piqués sur les arceaux métalliques…
décor hitchcockien pour un suspense ultime. Les gamins m'accompagnent dans ma chasse photographique…c'est Yves qui serait content !

Les grands oiseaux blancs résistent à mon intrusion jusqu'aux derniers mètres et s'envolent
dans d'immenses vols planés en caquetant leur courroux.. !
Le bâtiment de la gare, surfilé de bleu tunisien, est squatté par plusieurs couples.
Un immeuble en construction me permet de monter sur une terrasse pour dominer un nid.
Les maçons du dimanche sont tellement fiers de l'intérêt que suscitent leurs cigognes
qu'ils me guident vers le meilleur angle…Ce sont des moments rares.. mais il faut les quitter !
La route est superbe, région hors du commun, mamelonnée à l'infini, couverte de grands eucalyptus, d'acacias odorants, de groupes de chêne liège.. Des gamins vendent 
des cagettes de fraises nouvelles, des poteries rustiques, des paniers un peu trop prisunic…
A un détour de route un flash époustouflant, une plaine d'eau piquetée d'arbres
à moitié immergée…
Un lac artificiel est en montée d'eau et transforme la région de Nefza, le paysage devient irréel, mi-eau mi-terre, à la recherche d'un nouvel équilibre. Un vieux couple sur un rocher regarde
la nappe qui gagne, des murs émergent, peut être leur maisonnette ensevelie…
Deux bergers d'un autre temps, couchés dans un gazon de fleurs, 
imaginent leur jeunesse là sous l'eau qui bientôt aura occupé tout l'espace !

Arrêt en ville, courses du matin…bain d'ambiance.
On est déjà bien loin de Tunis. A la sortie de ville, soudain, sous les vagues ombrages 
d'un bois de chênes un marché campagnard, curieusement impromptu à l'écart de tout…
arrêt photos !
Et la route plonge sur Tabarka dans un cadre de montagne exceptionnel . 
Le golfe est tracé idéalement, le port se dessine sur le bleu de la mer…
On comprend qu'ici l'histoire s'est faite de conquêtes et reconquêtes . 
Tour du port, tour de ville…pied à terre. 
" Il fume la chicha ! " le groupe est jeune, sur la terrasse du café andalou.. 
ils sont plusieurs à tirer sur la pipe de la chicha, le narguilé tunisien. 
L'intérieur du café est saisissant d'atmosphère, cent pour cent d'hommes affairés 
dans d'interminables parties de cartes.. Le plafond regorge de marionnettes et pantins articulés. " Si tu veux voir, ici, il y a toute l'informatique " L'invite est aguichante,
le magasin minuscule, mais c'est l'occasion… " Moi je suis retraité, c'est mon fils qui fait 
le magasin, moi j'étais petit fonctionnaire… " Et comment ça marche l'informatique ici ? "
Ca va, ça va ! Le plan il fait des clients ! " Le plan c'est une aide gouvernementale pour promouvoir un ensemble pc+imprimante à 999 DT soit 900€… 
" Oui, c'est bien, mais la marge elle est pas bien ! " 
Allez tu vas pas te plaindre, toutes les options c'est pour toi ! "
Zeh oui, ti as compris ! "…Bonne réussite !
Suzy est déjà en train de négocier son rest'à bord…poulet, frittes, salades…on emporte !
C'est tellement beau au bord de l'eau dans le calme du port !
Longue sieste, après tout c'est dimanche, mise en Web du récit début de voyage.
Des groupes de jeunes ont envahi les rues, le port fourmille d'une jeunesse multi-visages.
" Il faut voir la route touristique " nous a t-on conseillé.
Alors, allons voir…celle de l'ouest vers l'Algérie, elle grimpe fortement en panorama sur le golfe de Tabarka. Superbe panoramique piqueté de maisons " bourgeoises " en constructions inachevées. Des enfants dévalent la côte sur des planches à roulettes bricolées, des fillettes proposent des coquilles de mer.. " 1 dinar.. " Non, c'est trop…à cet âge on marchande déjà…mais ça ne changera pas ce sera 1 dinar…ou ce sera pas !
Alors, allons voir…celle de l'est, une chaîne ininterrompue d'hôtels , 
immense champ de vacances, et pourtant c'est pour Tabarka qu' a été inventé le slogan 
" pour ne pas bronzer idiot ". Bof !
Tabarka c'est la rue, les cafés bondés, les joueurs de cartes sous les ombrages de la place …
Le port commence sa somnolence lorsque nous le regagnons avant le resto…
Le " gardien du port " nous guide fooooooortement vers un resto, justement celui que nous avions éliminé dans notre balade choix. Il faut faire du forcing pour se détacher..
Ce ne sera pas le repas tunisien du siècle, mais nous sommes dans un ville habituée 
aux visages pâles... pour l'authenticité on verra plus loin !
Un fourgon vw français est venu se coller à au moins.... 30 mètres de nous.
Nous sommes donc 2 camping-cars !

Lundi 15.
Réveil en douceur avec les conciliabules des pêcheurs du chalutier proche… la vie quoi !
Le port est étonnamment calme. De gros nuages cachent les montagnes.. c'est là qu'on va !
Petite causette avec nos compagnons d'un soir, des 69, dans un combi non aménagé.
Ils font un peu le même circuit, de ports de plaisance en campings pour bénéficier 
des commodités…
Détour aux " Magasins généraux " un des rares magasins dépôt de vin…
c'est là-bas au fond derrière le pilier..
Et on prend le chemin de la montagne. Verte campagne, verte montagne…verte et jaune
des fleurs des champs, des mimosas et des genêts…Vert terne des forêts de chênes lièges
qui déboulent à l'infini. Des troupeaux de chèvres s'accrochent dans les rochers, 
des troupeaux de moutons ondoient dans les prairies..
Sur le papier Ain Draham est attrayant, sur le terrain plutôt décevant. 
Où est - elle l'architecture de montagne image-symbole…peut - être dans les résidus 
de ce que furent les résidences européennes. Mais le délabrement, ici aussi, fait son effet. Même la fontaine tarabiscotée de pierre et de liège n'y résiste pas. 
C'est lundi jour de marché. Plongée dans le monde rural, celui-là il ne change guère. 
Ambiance de naturel, bien loin des frasques touristiques.

Des tas de mots on décrit ces marchés, il faudrait en trouver d'autres ou tout simplement 
prendre et reprendre les mêmes…pourquoi en changer ? 
La route continue au - dessus du village, se perd quelques instants dans les pins.. 
Juste en dessous, un cimetière " européen " , des tombeaux abattus, des pierres éparses, 
un troupeau de chèvres qui broutent entre herbes folles et détritus. 
Des tombes ouvertes se remplissent de cannettes de bière, de bidons de coca-cola. 
La phobie religieuse est passée par là. Les biquettes n'en ont cure, 
le berger sur une margelle de marbre rêve d'un paradis. Celui de quel Dieu ?.

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à suivre sur le volume 2 >>>

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