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Tunisie...volume 3 | ||||||||||||||||||||||||||||||||
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Zarzis
transition... Samedi 27. Transition… Avant de partir à l'école les enfants du quartier viennent nous dire un petit " bonjour ! ". Elle est loin l'école et nos bambins, sacs au dos se regroupent au carrefour des sentiers caillouteux, notre plateforme - point de vue nous permet de les suivre du regard jusqu'aux abords du village. On a compris hier soir que beaucoup des habitants du village travaillent ou ont travaillé en France. Tiens par exemple l'épicier, pendant 6 mois par an il tient une pâtisserie à Paris. Ce matin il est au comptoir ! Pour le tourisme organisé Ksar Hadada c'est le ksar où Georges Lucas a réalisé quelques plans du film culte " la guerre des étoiles "… ça on ne peut pas le louper, c'est écrit en gigantesque à l'entrée. Il en reste des marques de rafistolage des murs du plus mauvais effet. Le ksar qui avait cru à une carrière d'hôtel original à perdu ses illusions et les ghorfas-chambres ne sont plus que petits coins pour petits besoins . Triste ! C'est aussi, mais ça il faut vouloir le découvrir une mosquée moderne d'une classe illuminante, au centre de deux minarets qui prennent possession du ciel. ![]() ![]() ![]() Il faut s'y égarer, hors prière, dans le silence d'un petit matin. La route vers Médenine est d'une aridité extrême, d'une tonicité extrême. Ksour perdus sur des crêtes, hameaux hors du temps, maisons caméléons mêlées à la terre. Des points d'eau où viennent se réapprovisionner les enfants ou,les femmes, leurs ânes chargés de bidons en plastique. Ce doit être jour de lessive, un peu partout des linges flottent entre les murs. Suzy aussi a fait sa petite lessive ce matin…ce doit être le jour ! Beni Khedache est posé entre piton et plaine. Bout du monde, image nette de la Tunisie traditionnelle. Un gros camion vient de déverser son chargement de blé de semence en pleine rue, la queue a commencé, les paysans viennent s'approvisionner, la bascule chauffe.. les sacs s'accumulent au pied du comptoir de la banque. Les magasins se cachent sous les arcades, une sono déverse une tonitruante mélodie en boucle, la pompe à carburant 2 temps fête ses cent printemps ! ![]() ![]() ![]() En virant vers Médenine on revient un peu sur nos pas, pour aller sur Djerba. On passe la montagne dans les vertiges d'une route nouvelle où le routard nous promettait une piste épouvantable.. c'est toujours ça de pris ! Médenine, marché, courses, petite visite au groupe de ghorfas : horreur, non seulement les édiles ont rasé des milliers de ghorfas, ils s'en mordent les lèvres aujourd'hui mais le mal est fait, non seulement…mais ce qu'il en reste n'est qu'un piège à touristes comme on en verra à Djerba ! Fuyons ! La plaine vers Zarzis devient plate, plate…les arbres disparaissent progressivement, le soleil de midi plombe à 29°à l'ombre, mais à l'ombre de quoi ? Entre un creux d'oued sec , quelques eucalyptus et un sommet squatté par un château d'eau on choisit les 10 mètres carrés d'ombre mouvante du château d'eau…pause-midi ! Au loin maintenant comme un mirage, la langue miroitante d'un étang d'eau salée, et les oliviers qui reviennent, amaigris presque déjà en tenue d'automne…il n'a pas plu cet hiver ici. Des dunes de sable blond qui s'insinuent entre les rangés d'oliviers, un palmier par ci par là… et le ciel là-bas au fond, bleu de mer, bleu de la mer. Difficile de résister, le golfe a la tranquillité d'antan, une quadrette de barques colorées se dandinent entre les goémons. Allez on se pose le temps de prendre le frais ! Un pêcheur rentre, ramant à force de bras pour contrer la houle, un cavalier suit le rivage, à pied téléphone mobile à l'oreille, son cheval le suit à ses côtés, sans attache tel un berger allemand bien dressé… il y a des images que l'on voudrait imprimer ! Zarzis a perdu ses fastes d'antan lorsqu'elle était une étape fondamentale des grands voyageurs. Il en reste un goût pour celui qui passe, une sympathie bienveillante. " Bonjour, bonjour France, bonjour Paris… " Rien au programme si ce n'est petit détour au dépôt d'alcool, il suffit là encore de remonter les sacs noirs, et comme nous sommes samedi ils prolifèrent. Le comptoir débite les cannettes de bière par dizaines…le vin nettement moins. On a notre marque, " gris de Tunisie " " Y a pas! " Et qu'est-ce que tu as ? " Di Château Mornag ". Allons pour deux châteaux ! " 4 dinars 600 l'un "… Un jeune nous aborde " C'est faux, le prix c'est 3 dinars 700 ! ils t'ont fait le prix touriste ! "… On s'en souviendra ! Tour de ville, animée la ville en ce samedi soir, ambiance de week-end, les sonos sorties sur les trottoirs débitent leurs décibels. " Bonjour, bonjour la France, bonjour Paris… " " Comment s'appelle ? " Daky… " Bonjour Daky ! " Le minaret est resplendissant dans le soleil du soir. La mer rougissante. La mer ? La route nous en éloigne et pourtant c'est la route côtière, mais elle est déjà bouchée par les hôtels de luxe qui commencent leur grignotage. Ouf…on a eu peur, nous avons roulé près de 15km sans voir la grande bleue, et puis une trouée, une piste qui coule entre des ensembles hôteliers en construction, dix palmiers, quelques cahutes d'été.. juste ce qu'il faut de sable pour se croire au paradis, au paradis des BTS ! Un cavalier passe dans un galop qui secoue le sable dans un beau nuage. La lune se lève rougeoyante en sortant de la mer…au loin des lumières se posent sur la mer, Djerba se met en position nocturne ! . |
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Ambiance
Djerbienne... Dimanche 28. Ambiance Djerbienne. Un fois de plus on vérifie une observation, presque un précepte, " galère du soir, paradis du matin ".. Le rideau s'ouvre sur le rêve. Dans le soleil levant un pêcheur accroche des filets à une corde… le contre-jour flotte dans un frémissement de vagues, image de catalogue, image à vous mettre en humeur pour une belle journée ! L'audition grandes ondes de France Inter est limite, Patrick Dells explique ce que veut dire pour lui liberté après tant de jours derrière des grilles… et nous sommes là dans ce cadre idyllique, on voudrait bien lui en offrir quelques instants ! Une mobylette pétaradante vient agresser le silence. Un tracto-pelle, emmitouflé pour protéger ses organes du sable, vient raser la plage pour les hôtels voisins… Halte au retour sur la route, pour savoir où l'on est , galèrer dans l'inconnu a ses limites… et puis il me faut noter le minimum pour ma liste BTS.. Un taximan qui attend ses clients-vacanciers-de-l'arrivée-du-jour…me demande à visiter " La maison…j'ai jamais vu cette maison, je peux ? " Bien sûr que tu peux.. on vient bien espionner tes maisons ! " Beau…oh, ici dormir…cuisine, toilettes… " Il a du mal à retrouver la terre ferme ! La route est interminablement éloignée de la côte, longue lagune d'algues qui court vers Djerba. La chaussée romaine qui relie le continent à l'île peut paraître banale, nous la mettons dans son contexte, alors elle paraît démesurée. Sept kilomètres posés sur l'eau, cheminement sinueux comme pour être harmonieux, quelque peu enlaidie par une énorme canalisation d'eau que nous oublions vite pour en garder la force historique. Dans les champs caillouteux de l'île des groupes de femmes moissonnent à la faucille, nous n'avons plus vu cela depuis nos Turquies des années 70. Pas question de faire des photos des femmes " si ti veux tu fais les enfants " Merci Ali ! Les enfants ils manient la faucille aussi bien que le grand-père, d'ailleurs toute la famille est à la tâche ! Guellela est le centre potier de Djerba, et ça on ne peut pas le louper. Les abords sont reliés au centre par des milliers de poteries. Poteries expo, poteries débris, poterie recyclage… La poterie de Guellela est unique, brute blanche ou crème mais brute, argile local exige ! Il y a dans l'air comme un air de dimanche, et les flots de touristes ne sont pas encore déversés. On se laisse aller dans le coin des potiers, reconstitué bien sûr pour le touriste mais bien instructif. Borgi au fond de sa grotte nous explique le principe du chameau magique, enfin le résultat parce que le principe cherchez donc…Vous mélangez dans la gargoulette deux liquides par deux orifices différents et récupérez le mélange par un troisième orifice… essayez donc avec le pastis ! Pour nous ce sera un chameau-magique-moyen.. il nous faut faire plusieurs magasins pour trouver celui que l'on veut. Allez Jamel tu mets en plus un foulard pour Suzy, elle aura plus l'air d'un saharienne ! Au marché nous trouvons nos premiers abricots, ça nous change des oranges ! La mer nous tente pour prendre un peu d'air en pause-café du matin. Première route à droite vers le sud…peut-être ! Le quartier est une montagne de poteries, brutes de coffrage, amoncelées, en vagues entre des fours fumants. Un potier tire de l'eau dans un puits antique…le Nikon se met en émoi. Le puits, le tour, les caves de séchage… nous sommes dans le domaine de Ardel. Il a pris la suite de son père, et donne au lieu une âme nouvelle. Ici il n'est pas envahi par les hordes touristiques, juste quelques amis taxis lui détournent des clients sympas. ![]() ![]() ![]() Ardel nous explique sa passion dans un français parfait " Moi je regarde France 2…la radio…je rêve de venir visiter la France ! " Il va te falloir en vendre des beaux vases de Guellala, Ardel ! mais si tu viens tu m'envoies un mail puisque tu es branché Internet ! " Ca me permet de voyager, mais c'est très cher pour nous ! ". L'heure du café est passée.. ce sera pause-midi…au bord de l'eau, au bout de la piste, au pied de la mosquée perdue dans une palmeraie. On va dire " isolée " mais quelle magie ! Un palmier pour quelques mètres d'ombre, des groupes de flamants roses sur la grève, des jeunes déboulent en vélos d'un autre temps pour aller faire trempette. " Madame tu as un ouvre-bouteille ? " Ils n'en sont pas encore aux canettes de bière, soda et coca, on pardonne ! Il fait 37° à l'ombre, on pardonne ! On a appris ce matin que le pèlerinage de la Synagogue de La Ghriba commence demain. On bouscule un peu notre programme pour aller visiter aujourd'hui pour éviter les inévitables contraintes sécuritaires. Le pèlerinage de La Ghriba est un des plus important du monde juif. Dans cette lande un peu perdue dans les oliviers djerbiens le peuple juif s'est réfugié au 6e siècle avant JC lors de la destruction du temple de Salomon. La population a décliné mais le lieu réunit chaque année pour la Pâque juive des milliers de fidèles venus du monde entier. Aujourd'hui la synagogue se met en beauté, les banderoles d'accueil vibrent dans la chaleur , une arroseuse nettoie les pavés de l'allée centrale, la force policière montre sa force… dans les esprits l'accident-attentat n'est pas loin. Impressionnant, émouvant…le lieu ne peut laisser indifférent. Décor méticuleusement tressé de boiseries sculptées, de vitraux éblouissants, de faïences orientales, d'ex-voto en métal, décor d'une ambiance spirituelle hors du commun. Le protocole bien sûr contribue…la ![]() ![]() ![]() psalmodie en boucle de religieux barbus règle la spiritualité, les recommandations des gardiens du temple nous mettent en condition…et on se laisse déchausser et calotter sans rechigner, il y a des règles qui dépassent l'analyse ! Nous ne sommes qu'à deux lieues de la " capitale " de l'île, Houmt Souk, endimanchée et pourtant très animée. Ce sera peut-être notre BTS du soir, alors on commence par un repérage, du côté du port où les vrais-faux-voiliers d'antan ramènent leurs flots de touristes endimanchés d'une promenade sur les flots. Le BTS est correct bien que crad' mais ça on commence à être habitués ! Sur le papier un coin nous attire, au-delà de l'aéroport un petit port de pêche au pied d'un phare de la côte ouest. Cap Jellil se love dans une petite anse, coin paradisiaque, barques de pêcheurs bercées par un faible houle, une ferme où trône un dindon en roue, quelques cabanons entourés des jarres pièges à poulpes, quelques pêcheurs repeignent une barque… et un 747 qui passe à quelques dizaines de mètres au-dessus des flots ! " C'est calme entre 2 avions ! " nous précise un pêcheur. " Nous on s'y fait ! " Oui mais nous on a peu de chance d'y passer une nuit tranquille. Dommage quel dommage ! Allez on attaque la piste. Pas de route sur la côte ouest mais une piste difficile en temps de pluie, or il y a eu l'orage il y a quelque jours. " ne passez pas dans les trous d'eau, faites les détours dans les champs " nous précise une patrouille de police. C'est parti…slalom entre petits bancs de sable et ornières marécageuses, parfois il faut descendre pour aller repérer le dur…au gué la piste ! 20km sont ainsi prévus.. A mi-chemin une mosquée domine la mer Sidi-Jmour forteresse lieu de pèlerinage, une famille a investi la salle commune, posé ses matelas, son brasero, ses cruches… " C'est le premier arrivé qui s'installe ! " Ben voyons ! La piste nous reprend, sauvage, biblique, sinuant entre les touffes de palmiers et les touffes d'herbes rases…Le ciel commence à rougir, décuplant la magie de cette découverte. Les trous d'eau deviennent des amis, les joncs nous racontent des histoires de marins.. encore 2 kilomètres, on a passé, le soleil se prépare à plonger dans la mer. Je stoppe pour l 'image du siècle. Un break Peugeot s'arrête à côté: " Vous avez raison Monsieur, en 1992 cet endroit à été reconnu comme le plus beau coucher de soleil du monde ! " Cravaté qu'il est mon informateur ! Je suis responsable de l'aménagement touristique de cette côte. Je viens souvent faire des relevés, des observations. Nous allons aménager ici quelque chose de formidable… " Et moi qui ose lui dire qu'elle est très bien cette côte comme cela, qu'une chaîne d'hôtels ne fera que détruire la beauté extraordinaire de ces 20 kilomètres…. " On va faire une zone camping et caravanes.. " " On va faire avec Camping Chèques ! ".. Et moi qui essaie d'expliquer les petites différences fondamentales qui font qu'un campingcariste n'est pas tout à fait un campeur ! Et moi qui lui donne lui montre ma fiche CCeL.. " Mais je connais çà, j'ai vu sur Internet ! " Et comment t'as vu, moi j'arrive pas à ouvrir ? " Mais moi je peux…tu fais des réservations sur ton site ? " Eh non Sami, mon site n'est pas commercial ! Mais lorsque tu en seras à organiser ton camp pour caravanes fais moi signe puisque tu as une adresse mail ! " Formidable, tu reviens en Tunisie, tu viens me voir, a Tourism Contact and Investissement Company. " Tout un programme, je t'en prie Sami, ne la gâche pas cette côte ouest, c'est le trésor de Djerba ! Le soleil est tombé dans l'eau, et la mémoire du Nikon. A Adjim, là où arrive le bac du continent, l'espace BTS est réduit mais salvateur après la course dans les dunes. Tour de ville, recherche d'un resto'à bord attractif…et hop c'est parti, Suzy passe commande. On reviendra prendre livraison après l'apéritif le salon sur l'eau. Un pêcheur repeint une vieille barque à coups de rouge phosphorescent. " Bonjour Madame ! j'ai eu 19 et demi en Français ! " il en est fier Aymen, du haut de ses 13 ans, et tellement plus fier encore de parler avec des vrais français ! " J'habite ici, mon père travaille au bac. ".A tout à l'heure Aymen, on va au restaurant et on revient ! Les cuisiniers ont oublié de préparer, disons plutôt que le match de hand-ball Tunisie-Algérie à la télé mobilise toute attention…allez les cuistots au boulot ! Suzy surveille les fourneaux. Sami coupe et Lassad cuit…crevettes frites et salade tunisienne, 10€, et il en restera pour demain. Ca y est c'est fini, le match peut recommencer. Retour au salon du port face au bac qui s'est illuminé, Aymen est là mais le papa ne peint plus, il y a aussi Inès " c'est ma sœur, j'en ai aussi une autre qui va se marier cet été ! " Comment ça va Inès ? " Moi ça va bien et toi ? " Vous apprenez tous le français ? " Moi j'aime bien,je suis bonne, je vais passer le bac l'an prochain, c'est très difficile le bac en Tunisie parce que l'on veut l'excellence et moi je veux être excellente ! " Et après ? " Je veux faire médecine, a Tunis ou a Sfax.. " La maman des enfants vient les rappeler à l'ordre, c'est l'heure de rentrer !. " parle en Français Maman, pour les amis ! " Elle n'ose pas trop la maman, il y a bien longtemps qu'elle n'en a pas eu l'occasion. " Vous savez on parle Français à l'école, mais ailleurs pas ! C'est bien pour nous de pouvoir parler avec vous ! " C'est Negla qui nous a rejoint, Negla la grand sœur qui va se marier cet été. La robe est déjà terminée et ce sera une grande fête, là-bas à Kerkennah dans les îles, car toute la famille est là-bas. " Je suis éducatrice dans un club d'enfants. Mon mari est prof de sport. " " Dites c'est pas bien ce qui se passe en France, il est fou ce type.. ! Pourquoi il faut toujours que les gens se fassent la guerre ? " et nous voici devisant de la France, de la Tunisie, de Mendès-France encore aimé ici, de l'Algérie… Eh oui Negla, Inès, Aymen…mais vous savez on ne refait pas la nature humaine ! " Bonne nuit monsieur madame…et bonnes vacances dans notre pays ! Nous allons faire de beaux rêves…qu'elle était belle la piste ! . |
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Tour
d'île... Lundi 29. Tour d'île. La barque rouge brille dans le soleil levant, un duo de pêcheurs apprête une barque à voile… Des centaines d'écoliers arrivent par le bac depuis le continent…. Pour nous traversée de l'île vers la capitale. Route spectacle sur les fermes dans les oliviers et figuiers, sur les maisons djerbiennes, ces " menzels " à l'architecture tellement épurée . La maison, le jardinet, parfois la cour de ferme sont ceints d'un mur enclos. ![]() ![]() ![]() Il faut souvent porter le regard par-dessus comme pour percer un mystère. Les toits sont le plus souvent en coupole blanche pour lutter contre la chaleur. Les grandes plages blanches des impluviums, pour récupérer l'eau de pluie jouxtent les aires cimentées de battage des céréales. L'époque commence des moissons…à l'antique, à la faucille ou directement en arrachant les plants si peu enracinés dans la terre sableuse. Les groupes de moissonneurs forment des tableaux bucoliques qui réjouissent notre matinée. A l'unisson des maisons les mosquées djerbiennes ponctuent de leurs rondeurs les terres rouges, les dômes immaculés parfois souligné d'éclats bleus jouent avec les tâches vert ![]() ![]() ![]() sombre des figuiers, les oliviers torses, les palmiers mal peignés. Les silhouettes des djerbiennes enveloppées dans leur djellabas écrues bordées de liseré rouge et coiffées du traditionnel chapeau de paille, s'esquivent au coin des ruelles à la vue d'un appareil photo… réflexe ancestral ou réaction aux abus touristiques ! Retour à la capitale, marché aux bestiaux du lundi plus que minimum… mais magnifique criée aux poissons au marché central. Ici la coutume est de vendre le poisson en grappe, enfilés comme des perles. ![]() ![]() ![]() Pas de prix affiché mais une discrète négociation par hochements de tètes…spectacle intégré dans le quotidien et que ne semble pas gêner l'indiscrétion de quelques touristes. Les autres, le gros de la flotte des arrivées d'hier est disséminé dans les filandreuses expositions de poteries, labyrinthe digne des spécialistes du merchandising. Un groupe de visages pâles arrive en minibus devant le grand magasin d'artisanat. Aussitôt le groupe de vendeurs qui était en stand-by se metsen position, cordon bloquant la fuite hors de l'entrée du magasin, le schéma est superbement réglé. Le djerbien a toujours été un bon commerçant ! La chaleur, deuxième jour de sirocco, nous rabat sur le port dans la fraîcheur de la brise marine. Dans le chemin inévitable des vacanciers vers les bateaux promenade… salon est ouvert sur le large. " Bonjour, vous êtes venus en bateau ?...Nous on a un camping-car à Belfort… mais on est venu en avion.. on n'a que 8 jours.. " " Bonjour…vous êtes d'où ?.. Ah de Grenoble…nous on est de… "…conversations de salon ! Une armada de scooters en location passe en klaxonnant pour nous saluer. On s'aperçoit progressivement que nous sommes au " point photo " du port : les taxis, les minibus déposent leurs clients , les chauffeurs vont jusqu'à placer " le " photographe pour la meilleure photo souvenir…c'est beau le tourisme assisté ! Petit détour avant d'aller voir à quoi ressemble la zone des hôtels. Mosquée des étrangers, rebaptisée centre catholique, mosquée turc on ne visite pas… Le secteur est mobilisé par les collégiens voisins, par petits groupes sur les murets ils échangent leurs résultats et certainement leurs devoirs . " cet après-midi c'est algèbre… " montre voir ! C'est curieux l'algèbre en arabe ! Contentes les filles que l'on s'intéresse à leur cahiers…et jaloux les garçons qui arrivent en dominateurs. C'est ici comme ailleurs ! Petit détour encore au bureau d'informations touristiques, histoire de voir si en ce haut-lieu du tourisme l'accueil est plus professionnel . On la dérange la préposée à l'accueil… pour un peu elle nous le dirait. De documentation en français, mais si il y a vous prenez… mais non, elles sont en allemand…En faisant un effort ,essoufflée elle nous tire d'un tiroir une doc' écornée…que nous avons déjà. " Le plan de Djerba il est dedans ! ". Lamentable, une fois de plus, Tunisie tu ne mérites un tel désintérêt. On rêve à nos rencontres passions l'an dernier dans les petits bureaux de tourismes turcs. Allez on est dans l'ambiance pour l'expédition " route touristique "..traduction tunisienne de " y a rien à voir " si ce n'est des alignées d'entrées de complexes hôteliers en compétition de prestige. On a déjà vu Hammamet, on est accoutumés…et froids devant tant d'ostentation. Bien sûr ce n'est pas pour nous, bien sûr on imagine l'effet produit sur le client passager, bien sûr….Allez on roule ! Tiens regarde les ces 2 là, peaux roses prises au hasard, ils sont là pour une semaine, demain on va leur servir un mariage reconstitué, une fantasia bricolée…s'ils ont bien négocié leur ticket ils auront droit a une virée en 4x4 au chauffeur enturbanné pour le tour saharanoique des 10 palmiers autour de l'hôtel… Quoi, moi mauvaise langue ? Tu paries ! Les hôtels golf succèdent aux hôtels pas golfs, les balnéo au thalasso… et alors tous les goûts sont dans la nature djerbique. Elle en a tellement vu des modes l'île de celles descendues avec les navires de Carthage ! Au bout du cap Taguermess un lagon asséché étincelle dans le soleil, des carrioles s'y croisent dans un curieux ballet…Nikon au travail ! Et je retrouve nos fameuses petites sardines de Gabès séchant sur le sol. Aujourd'hui elles sont sèches et les hommes les ramassent à grand coups de balais. " On fait la soupe avec …mais ti peux les manger comme ça ! " C'est bon, oui, quelques instants…Je préfère quand même un morceau de Justin Bridou ! " Combien ça coûte ?...8 dinars le kilo…les touristes ils n'aiment pas, c'est pour les Tunisiens ! " Ils sont 4 depuis un bon moment pour regrouper au balai le tas de petits scintillants. 6 ou 8 kilos…ça nous fait 400 francs maxi, je parle en francs pour être plus expressif. A moins de trois cent mètres c'est le tarif d'une balle de golf dans un trou ! D'un seul coup la folie hotelière se calme, curieusement avec les paillotes du Club Med'.. et la côte redevient subitement sauvage…enfin presque. Le charme se rompt, les bas côtés se couvrent d'immondices.. redeviennent vrais ! On se retrouve à El Kantara, le tour de l'ile est bouclé… à Guellala des potiers encore et encore. Un grand-père et ses petits enfants s'activent sur une aire de battage. L'orge est disposé en rond, le tracteur a tourné pour casser l'épi…le vent enlèvera la coque et il restera les grains. Hamida a travaillé en France chez Hoetsch pendant trente ans et puis il est rentré au pays avec sa retraite de la sécu, sa complémentaire… Ici il a retrouvé ses 10 enfants, 5 et 5…enfin pas tous " J'ai deux enfants qui travaillent en France. Tu sais la France et nous c'est une belle histoire ! " Je te le fais pas dire Hamida. C'est les petits-enfants qui donnent le coup de main…elles qui sont venues nous rejoindre " c'est mes dernières filles ! " Dis Hamida, je peux faire une photo de tes filles… " Oui si tu veux.. ! " " Non, non… " s'affolent les demoiselles en tournant le dos . Le Nikon a déjà volé un portrait en paparazzi… Dans un coin une belle jeune sous un beau chapeau regarde la scène. Je tente ma chance… " Oui photo.. " superbe Raoudha ! sa copine a la primeur de l'écran numérique et en veut autant…Il y a des moments bénis ! Allez Raoudha on recommence, et c'est la copine qui fait le cadrage, elles sont aux anges ! Il ne me manque plus qu'une villageoise en chapeau ET voile blanc au liséré rouge… quelques minutes et c'est un coup de téléobjectif. Merci Djerba ! Djerba c'est fini, le bac s'éloigne et nous re-continentise en quelques minutes de traversée. Le bac se pose a El Borj, au pied d'une falaise, la montée est organisée pour faire patienter les longues files d'attente, kiosques, fast-food,friteries… " Monsieur tu peux aller à la mer par là… ! " merci à toi, on fonce parce que le jour baisse, et elle est bien de la mer la route. Première piste à gauche… " ti fais 2 kilomètres, ci de la piste, ti va doucement ! "…on peut difficilement faire autrement, juste les marques dans le sable pour y poser le train avant, si l'on doit croiser une poule je fais quoi ?...la mer apparaît derrière les masures d'un hameau. Par où je passe ? " Vous allez par là, mais c'est pas sûr que vous passiez ! " Merci Monsieur…on tente, à droite ou à gauche ? Essaie à droite vers la mosquée ! Petit raidillon, on ne va pas plus loin, on est sur une plaque de réception d'eau…petite mosquée gros réservoirs. Trois pêcheurs collés contre un mur. Petite causette de mise en confiance. Elle ne va pas loin la causette. " Pêche…aux mulets…là-bas usine poissons.. " On les suivra pendant la tombée de la nuit préparer leur équipement, changement de tenue, chargement des filets et les voici remontant la berge poser leurs filets qu'ils vont traîner en revenant à la hauteur de la mosquée. La nuit tombe, on ne verra pas la suite ! Il fait encore 29°… Le silence s'installe, nous sommes seuls au pied de notre mosquée, dans le silence de l'infini. Bonne nuit ! . |
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Troglodyte... Mardi 30. Troglodyte… Au pied de notre mosquée, et tout près d'une tombe abandonnée…sur le sentier du travail d'ouvriers de la conserverie que nous apercevons là-bas à un petit kilomètre. " Bonjour…Français ? " Eh oui ! Le long de la mer une piste remonte vers El Borj, le bac…piste de plaisir bien damée sur le sable, et l'on se retrouve sur une plateforme avec vue sur le bac.. on a loupé hier soir ! Triste la route vers Mareth, triste de sa désolation, des ondulations crevassées, sans âme qui vive, triste des oliviers rachitiques, triste des masures qui annoncent la ville. La ligne Mareth, vous connaissez ? Nous non ! Ici, de part et d'autre d'un oued à sec, la France des années 36 avait construit une ligne Maginot, une de plus… il s'agissait de se protéger des forces fascistes italiennes installées en Lybie. 45km de fortins vaillement occupés par les forces de l'axe en 1940..Maginot qui peut. Ici, dans cet oued desséché le sort de la France s'est peut-être joué il y a tout juste 60 ans.. Ici dans cet oued desséché les armées germano-italiennes attendaient depuis longtemps les forces alliées qui, pour pouvoir débarquer en Provence devaient crever le verrou de Mareth, la ligne Maginot construite par les Français ! Le Musée Militaire de la ligne Mareth nous rappelle tout cela. Le lieutenant tunisien qui nous conte cette épopée le fait avec les mêmes trémolos que l'aurait fait un lieutenant français. On ne connaissait pas cela…le théâtre de batailles qui ont foulées le sol tunisien pour qu'une certaine liberté puisse être en France. La France va voter.. les militaires tunisiens qui ont réglé tout à l'heure leur tenue lorsque, peut-être seuls touristes de la journée, nous sommes arrivés au petit musée confidentiel, ont bien du mal à comprendre ce qui se passe chez nous. " Il va passer Chirac ? " Ici c'est Leclerc qui a passé, il y 60 ans ! Pour atteindre Matmata il faut faire des détours et éviter la montagne casse-voiture. Toujane en est un, épique, la route, hier piste, est déjà à la mesure de la rudesse de la vie ici. Tout au moins de ce qu'il en reste. Le village se vide, le village est vidé, les hommes travaillent à Tunis ou en France, les femmes tissent des kilims berbères, les anciens les vendent dans des échoppes improvisées qui se veulent ressembler aux excès de Djerba, les enfants survivent entre l'école toute blanche et leurs maisons-masures. ![]() ![]() ![]() Ali nous donne une leçon de pressoir à huile au pied du village. Depuis trois ans il n'a pas plu dans la région, les oliviers sont morts, les palmiers se dessèchent, le réchauffement n'est pas ici un refrain écologique il est la réalité angoissante. Sur la roue de pierre du pressoir les écorces d'olives ont plusieurs années, et le mulet qui la faisait encore tourner il y a peu est au repos forcé ! Les anciens racollent sur le bord de la rue, tentent de nous dévier vers les ateliers-expos de tapis…mais le tissage n'est pas ici, il est dans les maisons où les femmes attendent le retour des hommes . Matmata est un haut lieu des circuits touristiques, le Mont st Michel du Sud… il suffit de suivre les bus et les convois de 4x4…de ne pas s'arrêter aux points obligés et tactiquement organisés autour de quelques ententes bakchich.. Mais trouver quelques mètres carrés plats avec un peu d'air est une prouesse, nous circulons dans le village, pour nous retrouver en bord de route avec vue sur les collines…c'est déjà bien ! Le Musée des traditions berbères nous semble une bonne introduction…et il sera plus ! installé juste au-dessus d'un des hôtels made-in-matmata , il est un point carrefour entre les " trous " principaux qui nous font comprendre ![]() ![]() ![]() la tradition troglodyte. Dans ces collines dénudées à l'extrême, cassées de vallons abruptes… les siècles ont peuplé la région dans une architecture de protection. Bien sûr on pense à la Cappadoce, et à bien d'autres régions de ce monde qui ont utilisé la terre comme source de défense. Ici les voies de communication sont souterraines, entre les pièces, entre les maisons, entre les quartiers…creusées dans la terre friable entre les rochers brûlants. Les trous béants comme des cratères sont les limites de patrimoine. Le fond du cratère, c'est le patio de vie, le centre des pièces qui s'ouvre en arcade . Le petit musée de Madame Kadija nous aide à comprendre tout çela. ![]() ![]() ![]() Ici la cuisine, avec sa grotte à provision, ici la chambre à coucher et ses rêves de mille et une nuits, ici les outils des champs… ici dans le frais d'une pièce voûtée une quadrette de jeunes-filles tissent des kilims sur d'antiques métiers… A côté encore dans une pièce bruissante un groupe de femmes en cours d'alphabétisation. La lumière devient chaude quand nous quittons Matmata, elle donne encore plus de force à cette terre nue et aride. Tamezret s'accroche à un piton sur la route de Douz. Les anciens passent le temps dans d'interminables parties d'un jeu de dames adapté au local, petits cailloux et noyaux de dattes…Les ruelles qui montent au piton sont mises à neuf par un programme d'état. Tamezret revit dans une simplicité qui régénère après le bouffe-touriste de Matmata. Rares sont les habitants, les actifs sont à Tunis…sauf Mongi ! Il a quitté Tunis, lui le spécialiste d'informatique, pour réaliser son rêve de gosse. Parler des coutumes berbères et les montrer. Alors il s'est lancé, et de ce point dominant du village où il voit arriver les cars des touristes il a commencé doucement, doucement comme sa voix, à reconstruire quelques mètres carrés de ruines. L'essentiel est déjà un monument digne d'intérêt, on commence par la chambre à coucher du premier jour, après tout n'est-ce pas là que tout commence ! ![]() ![]() ![]() Les habits de la mariée, avant après, la cache sous le lit…mais non ce n'est pas pour l'amant, c'est le tunnel qui communique avec la maison voisine et de la maison voisine avec tout le village…c'est comme ça que l'on pouvait s'enfuir si l'on était attaqué ! Le lendemain…de la nuit de noce c'est la cuisine à la voûte noircie des fumées de l'éclairage à l'huile d'olive, la pièce à provisions maintenue à humidité parfaite…la chambre à coucher avec ses trésors, les tapis de la mariée et ceux qu'elle emmènera en cas de divorce… " ici ce sera mon bureau, je vais me faire un coin pour réaliser un site Internet sur le musée ! ". Tu m'enverras ton adresse Mangi. C'est formidable ce que tu réalises ici ! et puis il faut que je pense à en parler avec Tahar en repassant à Tunis ! . |
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Odeur
de Désert... En quittant Tamerzet la route de Douz change d'aspect. Passée la crête de la montagne c'est la nudité, les arbustes au compte-goutte, les vaguelettes de sables qui deviennent vagues. 80km de….beauté, beauté de la rudesse, beauté de l'infini qui croit progressivement. Le vent se lève, de quel côté ? du sud du nord ?...les tourbillons tracent des vagues de sable sur la route dans le contre-jour du soir. Lézard de sable blond, hagard sur l'asphalte, zébrures ondoyantes au gré des souffles… La route se devine à la bande centrale… et le spectacle continue ! dépassé le café Tarzan, la caverne libre service Ali Baba, cahutes de palmes pompeusement nommées. Comme un mirage curieux Douz apparaît dans une vague de palmiers. On a décidé " d'aller au camping "…ne serait-ce que pour se remettre un peu au propre. On ne cherche même pas un BTS…mais le " info-touristiques "…de plan de Douz, nenni… " Pour le camping, tu me suis " me dit le responsable du bureau, et il enfourche sa mobylette pétaradante pour nous guider au centre de la palmeraie. On n'a presque rien vu de Douz mais on commence par la palmeraie, délice ! " Camping du désert "…restaurant italien, buona serra,…on apprend que le camping est crée par des transalpins…va bene ! Suzy négocie déjà son resto' à bord. Tiens des français, des camping-cars.. un Estérel, c'est pas Gaby par hasard ? et qu'est-ce qu'on fait quand on rencontre des congénères ? On échange des tuyaux ,des impressions…des... Ce soir nous sommes entre français ! la nuit tombe… les vagues de 4x4 de " vrais " sahariens arrivent, les autres sont dans les hôtels. Dominante d'italiens tonitruants…allez on en redemande ! Mercredi 1 mai. Dunes du sud. Nuit fraîche sous les palmiers du camping. Cela nous change des étuves des derniers jours. Nous sommes " branchés électricité "…et nous faisons une débauche électrique. Recharge à fond des batteries, de toutes les batteries : cellules, ordi, photo, rafraîchisseur… Depuis quelques jours j'ai des difficultés. La première de cellule est naze et ne tient plus la charge. La seconde commence à la suivre et déclare forfait après une demi-heure de convertisseur+alim ordi. Alors je combine recharges en roulant, récit, transfert photos…et… et moteur tournant in-extremis lorsque l'ordi se met en rade ! Douz c'est d'abord la palmeraie, elle nous capte dès la sortie du camping, harmonie de verdure et d'ombre. La ville a l'étrangeté des choses du désert. Avant d'être Douz elle a de tout temps été un carrefour, un point de rencontres entre les tribus nomades. Centre des traditions contradictoires, centre de ralliement et de sédentarisation depuis quelques décennies. ![]() ![]() ![]() Ici les tribus du nord et celles du sud se sont retrouvées, ont affronté comme aujourd'hui les vagues de sable poussées par le vent et qui ont bien du mal à savoir de quel côté il souffle ! Ici aujourd'hui les tribus d'Europe envahissent l'espace en 4x4 ou en moto. Douz devient la plaque tournante des méharées plus ou moins fabriquées, des saharaventures d'une heure ou de quelques jours. Les chevaux à crottin affrontent les chevaux vapeurs conquérants. Le slalom est inégal, les canassons résistent et laissent le milieu de la chaussée. Le Fleurette se perd une fois de plus entre les montagnes de tomates du marché quotidien. Le grand marché c'est demain, aujourd'hui la grande place respire, les artisans sous les arcades fignolent leur travaux, les vendeurs affûtent leur accroches…ici comme ailleurs ! On se laisse aller, on perd du temps, le programme flanche, les dunes ce sera pour ce soir. On repère l'autre camping, celui de la route de Matmata, décevant, ensablé, inadéquat pour les ccars…même si pas cher. Un mécano " auto toutes marques " , stop ! depuis quelques jours une équerre support de soutes est dérivée… Ils sont 4 roulés sous le Fleurette pour limer la coupable, percer de nouveaux trous et replacer 2 rivets.. ! Le petit musée du Sahara est bien utile pour se former une image de la vie traditionnelle des tribus. L'importance de l'animal clé, le dromadaire, celui qui n'a qu'une bosse, mais ici on dit chameau c'est plus simple : le blanc pour la course, le bleu-noir pour les charges, le jaune pour les touristes…l'importance des plantes dans l'écologie désertique et médicinale, l'importance des habits des bijoux dans la hiérarchie tribale. La tente berbère, tissée en poil de chameau, est le théâtre des relations conjugales. A gauche la femme, à droite l'homme… ! Ah ! tiens à propos l'ouverture de la tente est orientée vers la Mecque… le vent ne souffle jamais dans ce sens ! On retrouve pour midi notre camping du désert, notre place à demie à l'ombre, notre trio de Français 29-93-59… A Paris, en ce 1 mai, la manif du FN vient de se terminer, les autres se mettent en place, il pleut en Bretagne…et notre petit poste OC nous apporte un peu d'air de France ! Le thermomètre monte monte…38°,38°9…et nous ne sommes qu'en mai ! RTCI, Radio Tunis Chaîne Internationale, annonce pour le sud du temps couvert et des averses… nous on n'est pas contre ! Si ce n'est que le ciel se couvre…quoi, la météo est à l'ordre du pouvoir ! tant pis on va voir les dunes. Zaafranne le centre épidermique n'est qu'à 12kms. Plongé dans l'incohérence. Décor exceptionnel pour une misère exceptionnelle. Les cases de l'ancien village ont laissé place aux bâtisses de moellons, les murs cachent le dénuement, isolent des yeux, éloignent des cœurs…rien ne suggère une promenade, mais est-ce une promenade, dans le nouveau village. Il faut y plonger pourtant pour monter vers la dune dominante. Il faut traîner ses pas inexpérimentés dans le sable qui forme les ruelles, se laisser assaillir par les gamins solliciteurs " Bonjour, 1 dinar s'il te plaît ". Il faut résister à cette misère vraie,aux sourires gais des petits, aux sourires contraints des femmes….les hommes eux sont au café, autour d'une partie de cartes, d'un palabre infini sur le sexe des chameaux. Les filets d'eaux d'égouts se perdent dans le sable de la rue, une porte entr'ouverte laisse le regard traîner sur une femme qui lessive à même le sol, un trou donne un flash sur une tente bédouine dans une cour d'immondices… les hommes sont au café ! Le village épouse la route qui va vers Hollywood. La sortie de la palmeraie, aux palmiers desséchés par l'absence de pluie depuis trois ans, s'ouvre comme un panoramique péplum. Des centaines, des milliers de chameaux, comment fait-on pour décompter ? La multiplicité dépasse l'entendement… bien sûr nous en sommes prévenus. Après tout la Mère Poulard règne sur le Mont St Michel, à chacun ses excès touristiques. Et si les norias de chameaux peuvent aider quelques-uns à sortir du néant ! Le scénario est réglé par le décor, simple et gigantesque, balade ou méharée laissez-vous kidnapper, déguisement de rigueur, photo souvenir, parisdakar d'une heure derrière les dunes et retour pour récupérer moyennant dinars la photosouvenir. Les bus, les minibus, les 4x4 en trombe déposent leurs cargaisons de touristes désorientés, les chameliers prennent le relais dans un ballet bien réglé… Le Sahara c'est à deux pas d'immensité. ![]() Et c'est vrai qu'elles sont belles les dunes, même sous le ciel gris promis par météo-Tunis et qui nous tombe sur la tète. Ondoyantes à l'infini, frémissantes de sable soulevé par la brise, les dunes de Zaafranne nous ramènent à notre proportion d'humain, étriquée. Les caravanes sont presque vraies, le pas lent des bêtes fait son cinéma, le temps prend une autre dimension ! La " zone touristique " de Douz joue le même refrain. Si l'espace n'est pas aussi démesuré qu'à Zaafrane, la dune d'Ofra impose son altitude surprenante. Là aussi des centaines de chameaux attendent avec une patience saharienne les méharistes du jour. Là-haut sur le profil des dunes des cavaliers jouent Laurence d'Arabie pour le dinar-photo des touristes. Ne rejetons pas le plaisir, un cheval galopant dans une vague de sable, un chameau berçant son lot quotidien, c'est beau, et tant pis pour le chiqué ! Retour au camping pour le soir, avec détour au Resto d'Ali Baba, opération " couscous à bord "..ça marche ! " Ma petite fox-terrier elle a la diarrhée.. " la petite dame allemande qui joue avec Daky depuis un moment est toute désolée et se demande si demain elle n'irait pas au vétérinaire. Daky sort sa boîte à pharmacie et…partage sa provision de pilules anti-diarrhée, c'est ça la solidarité canine ! On passera la soirée ensemble. Ils viennent de Dortmund, encore un mois en Tunisie, après 4 semaines en Sicile, avec leur camping-car Concorde…en septembre ce sera les Iles grecques, voyage de retraite, enfin ! Il y a aussi un autre jeune couple allemand avec un de ces mastodontes pour braver le désert. Eux ils viennent d'Augsburg et finissent leurs…encore deux mois de voyage, après avoir fait le sud algérien…que de rêves ! Et comment vous faites avec les enfants ? " Ils ont 6 et 5 ans, ils vont commencer l'école en septembre, ici c'est l'école du monde ! " Ce soir il fait moins chaud…ouf ça va mieux ! En France on fait les comptes : 10000 d'un côté, plus d'un million de l'autre,ouf ! . |
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De
Douz au Choot... Jeudi 2. Le chott ! Dans le petit matin les roucoulements des pigeons du camping se mêlent aux bêlements des troupeaux qui viennent pour une matinée animer la palmeraie. Le " souk des animaux ", le marché aux chameaux, le…c'est l'événement de la semaine, à une barrière de palme du camping. Beh.. eh.. eh ! Depuis bien longtemps nous courrons les marchés campagnards, ils sont un concentré des racines régionales. A l'étranger ils parlent plus et plus fort que tout guide ou conteur. Il suffit d'ouvrir les yeux, les oreilles et…le nez ! Douz nous prend par tous les sens. Ils sont arrivés dans la nuit pour occuper leur lopin d'espoir, d'espoir de vente…venus des oasis voisins à pied, en charrette ou en peugeot pour les plus fortunés. Parade de costumes ancestraux, palettes de djellabas, chapelets de burnous… rares voiles de femmes dans ce monde d'hommes. Dans un angle, confinés comme une réserve à préserver un petit groupe de chameaux. Combien tu vends ton chameaux ? " Ci dépend… " et ça dépend de quoi ? " Ti veux pas, ti veux échanger contre ta gazelle ? "…on n'en saura pas plus…" C'est le prix d'une vache chez toi ! " me glisse un marchand futé. ![]() ![]() ![]() Elles sont des centaines les biquettes et les chevrettes, les moutons et leurs agneaux… concert de bêlements stressés qui nous en appellent à nos émotions. Nous ne sommes que pauvres touristes bourrés de nos sensibleries, la vie d'ici elle est à fleur de peau dans ces scènes invariables du monde rural. Les vendeurs sont de tous les âges, de l'ancêtre édenté aux rides romaines, à la fillette aux pieds nus qui serre contre son cœur ses biquettes, partagée qu'elle est entre l'atroce séparation et la vente que lui a ordonné sa mère. Le vieil isolé avec sa vieille bique dont il doit se séparer côtoie la maquignon à la poche bourrée de dinars. Les troupeaux d'agneaux de l'année encordés comme des perles se serrent entre eux comme pour se sentir plus forts. Et pourquoi c'est moi qu'il veut cet homme ? Et pourquoi c'est moi qu'il soupèse ? Et pourquoi c'est moi qu'il choisit pour ouvrir la gueule, elles lui plaisent pas mes dents ?... Les acheteurs slaloment entre les groupes, tâtent les poitrails, tirent les tétines, mesurent la laine, secouent les cornes.. tope là, les affaires semblent maigres mais elles se concluent quand même…les billets sortent de la poche, changent de poche…les bêtes changent de main… Il n'est pas encore 9 heures et le marché semble se terminer, une fillette arrive une chevrette tirée d'une main, une autre sous l'autre bras. Deux bourreaux portent des biquettes la tète en bas et les jettent sans ménagement dans une bétaillère. Un pépé repart avec une vieille chèvre, sa femme le suit à quelques pas en vociférant… allez savoir ! Des marchés on en a vu beaucoup, Douz est au-dessus du lot ! Il est donc encore tôt, mais il faut avancer, ce matin on passe le chott. Kebili, on se souvenait d'un bassin dans lequel nous avions fait trempette, on ne retrouve qu'un vulgaire bassin sans eau…passons ! Telmine largement irriguée, bellement cultivée… et puis le Chott ! Il ne reste plus grand rêve de la piste infernale marquée dans nos mémoires depuis trente ans. Un mirage peut-être ! Le Chott El Jerid est pourtant toujours là, derrière les travaux qui tracent la route du future à côté de la piste d'hier et de l'asphalte d'aujourd'hui. Sous le sable la mer ! La croûte de sable chargée de sel se craquelle, s'ouvre en enflures, s'agglomère dans une résistance feinte et traîtresse. Il fait déjà 35°…l'air vibre au loin, les contours disparaissent, les travaux de la route nimbent l'horizon de nuages de poussière. Les petits " cafés " mythiques se multiplient aux endroits…stratégiques. Un trou dans la croûte du chott, une nappe d'eau salée verte ou saumâtre… des sculptures allégoriques, en faut-il plus pour arrêter les bus, les convois de 4x4, les camping-cars égarés ? Quelques jeunes trouvent là une raison de faire, d'être dans ce paysage lunaire. ![]() ![]() ![]() Le café d'Hamma est toujours là, avec son long étal de roses des sables, de roses des sels, vraies ou teintées…avec ses " toilettes " photogéniques, mais pour combien de temps encore ? La route doit raser les échoppes, raser les toilettes,un bâtiment moellons pousse juste derrière, banal bien sûr…et Hamma le sait bien, alors je fais la photo-historique. La route va s'élargir, une vraie 4 voies pour 4x4…sur les bas côtés la pelleteuse creuse, affouille le sol et fait surgir la nappe d'eau salée en deux longs canaux qui seront demain le cordon ombilical de la route. La vision chott en sera éloignée mais Venise va y gagner ! Ce qui inquiète Hamma c'est que les bus craignent de passer à grande vitesse sans s'arrêter, il va falloir faire assaut de marketing ! Le mirage chott se termine en butant sur Degache, magnifique palmeraie, Tozeur n'est plus loin. Là encore sans état d'âme direction camping, celui des " Rêves " recommandé par Clement … son ombre et sa prise électrique. Emballante l'arrivée à Tozeur. Enfin une dominante architecturale non détruite par le laisser-aller ambiant. On verra ce soir, pour le moment les ombrages … l'accueil d'Ammar est à la hauteur de sa réputation. " Bonjour l'Isère, bonjour Grenoble ! " Ils savent mieux notre géographie que nous ! " Tu te mets où tu veux ! Ici t'as de l'ombre, là-bas aussi… " Ammar c'est pas moi qui choisit, c'est ma gazelle ! "T'as raison, les gazelles elles sont très bien ! " Ben oui Suzy a choisi…pour midi on se met là et ce soir ce sera plus bas, loin des bruits. Pause-midi, le thermomètre indique 38° et la sonde du toit en plein soleil 62°… On ouvre tout, on met le rafraîchisseur, il ne fait que rentrer l'air chaud, avec l'eau ça va mieux, mais on n'a pas le courage comme on devrait le faire de tout fermer ! Daky lui a retrouvé son quartier d'été, sous le ccar, c'est encore ce qu'il trouve le plus frais, et pour le faire sortir ! Ouf la température est tombée, il ne fait plus que 37°…on va visiter ! Nous n'avons qu'une heure devant nous, avant la nuit, vite, vite… Le " jardin du paradis " pour le délice d'une balade dans la palmeraie du soir, le zoo du désert on verra demain…vite, vite le Belvèdère, attrape-nigaud depuis que l'hôtelisation ronge les abords de la palmeraie.. vite, vite tour de ville, les inévitables magasins souvenirs aux inévitables rabatteurs, mais tout cela est tellement bon-enfant que la pression touristique est amoindrie. " C'est quoi ton chat Monsieur ? " C'est pas un chat c'est un lion ! non mais, Daky un chat ! Resto'à bord inévitable, poulet frites salade tunisienne pour 5 euros… et le frais de la palmeraie au fond du domaine d' Ammar pour salon ! Soirée Internet, Ammar me présente " son site " campingbeauxreves…made in Ammar avec l'appui informatique d'un ami français….de Grenoble ! On parle bien sûr CCeL, et puis de " Bienvenue au Sahara " de Tahar…il y a tant de complémentarité entre leurs sites qu'il faut bien qu'un autre petit français joue l'entremetteur ! On tente vainement des connections…ici ce n'est pas Wanadoo le bouc émissaire c'est Internet-arabe ! Désolé on essaiera demain matin…ça marchera peut-être ! <<< allez voir le "camping Beaux rêves" c'est à http://www.geocities.com/campingbeauxreves/ . |
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Grande
chaleur... Vendredi, déjà, 3 mai. Grande chaleur ! Plus fraîche que prévue la nuit…un petit 23 au matin… en France il pleut au nord d'une ligne…et il neige dans le Massif Central ! On fait vite les bagages… beaucoup de choses au programme et les prochains jours vont être très serrés ! Tozeur est une reine des sables, tout l'architecture le rappelle. Briques de terre crue, assemblées en motifs géométriques, figures ancestrales qui reflètent l'histoire dure des habitants. On se jette dans la médina, seuls comme on peut l'être au petit matin. Médina presque déserte. Un jeune vendeur dispose les céramiques de son étal… " Bonjour Madame… tu connais la médina ? Si tu veux je te montre… " ni oui, ni non… on n'a même pas le temps, il faut savoir se laisser faire. Il s'appelle peut-être Ali ou Mehmet…on ne cherche même pas à savoir pris dans le tourbillon des explications qu'ils nous distille avec précision. Rare culture pour un si jeune, rare privilège d'être ainsi guidés par le hasard. La médina est en pleine rénovation, après son classement par l'UNESCO. Les murs font cure de rajeunissement, les intérieurs bruissent des travaux de maçons. L'identique se remet en place. Jeux de briques en compilations achevées , arc des portes ; ogives pour les chapelles, droites pour les habitations, ajustement des poutres de palmiers et d'abricotiers dans des assemblages qui défient le temps… Et puis les subtilités de bon sens des anneaux des portes, à gauche celui des femmes, à droite celui des hommes, au-dessus celui des cavaliers, en bas pour les enfants ou les handicapés….et les judas discrets.. et les… On resterait des heures dans ces ruelles calmes entrecoupées de voûtes où se profilent les voiles noirs des femmes de Tozeur. Noir au liseré large bleu, elle est mariée, le liseré est fin elle est célibataire…tu choisis ! La palmeraie n'a pas encore pris son image touristiquée, " ils arrivent vers 10 heures les groupes ! "… quelques calèches pourtant tentent de nous précéder au Zoo du Sahara. Nous en avons gardé un souvenir rustique… Le rustique a bien " évolué " …au rythme des " animations " demandées par les organisateurs de circuits. Des groupes sont déjà aux premières loges des numéros de cirques des guides. Suivons un peu, la cage des " chirac ", aigles du désert aux profils acérés, la panoplie des serpents jaune sable ou avec des pattes, ![]() ![]() ![]() ![]() ça s'appelle alors des lézards, toujours jaune sable…Le dromadaire écoute cela depuis des années, il n'en a cure et attend sa bouteille de coca-cola " Vous comprenez pourquoi le chameau jaune est devenu marron ! "… Notre fennec a fait beaucoup de petits, ils jouent de la prunelle avec les visiteurs, et même les renards du désert qui font des clins d'œil ! Le numéro des reptiles est le clou de la visite, scorpion mortel jeté aux pieds des vaillants touristes, vipère cornue les yeux dans les yeux, couleuvres en foulard spaghettis… Ca ira pour la séquence frisson… un petit tour au jardin luxuriant du Paradis pour s'en remettre… Sur la route de Nefta la chaleur monte rapidement…route superbe qui domine le chott et son immensité. Vingt kilomètres de bravoure, des milliers de palmiers sont plantés entre des haies de palmes pour retenir les envolées du sable.. des citernes leur apportent une eau trop rare. Ici depuis quatre ans la pluie n'obéit plus à Allah ! Belle arrivée à Nefta. Nous allons directement au syndicat d'initiative, nous devons y voir le responsable, Naceur, ami de Tahar. " Il y a des jours que je vous attends, Tahar est passé l'autre jour ! " Eh oui Naceur, mais il nous a fallu faire toute la Tunisie avant d'arriver au sud ! Plan de visite pour cet après-midi, Naceur nous guidera pour le traditionnel coucher de soleil à la Corbeille, mais pas avant 16h30 car " c'est vendredi et j'ai mes prières ! ". Pour l'heure nous recherchons un coin de fraîcheur…ce sera " Le Paradis "… il porte bien son nom en lisière de palmeraie ! On retrouve la petite rivière qui était enfouie dans nos souvenirs avec une nuit sous la guitoune…la petite rivière est devenue canal bétonné, un peu moins d'eau. Un tracteur citerne vient puiser sa ration pour les massifs de la ville. Allez on se pousse, on se partage la place. Le Paradis c'est aussi un petit resto…et qu'est-ce qu'on fait quand on a un resto sous la main ? Resto' à bord bien sûr ! petit à petit l'endroit se meuble de voitures, fidèles ou touristes détournés par les guides, chacun y va de sa manœuvre pour profiter de l'ombre..37, 38…38°9 et à l'ombre ! Tour de médina avant de retrouver notre guide. On remonte à sa hauteur à la recherche d'un coin d'ombre pour laisser le Fleurette. Soudain sortant d'une ruelle au galop une charrette tirée par un âne loupe son virage et se renverse…le petit charretier est affolé de voir son ami-âne sous la charrette, je stoppe pour l'aider, une voiture en fait autant… "allez tous ensemble " debout l'âne et marche ! Le jeune est éberlué et tout le groupe me congratule, le " touriste " il a remis l'âne debout ! Allez on prend les chapeaux ! dans les rues désertes on a un peu l'impression d'être des zombies…pas anormal, les décors des " guerres des étoiles 2 et 3 " sont dans la région ! Dans un angle un artiste joue avec les courbes pastel des arches. La canicule est à son comble, le soleil d'été, une musique tonitruante vole par-dessus les terrasses. Pendant un moment je crois que c'est la mosquée proche.. " Bonjour Madame… comment tu vas ? " une famille est sur le pas de sa porte, c'est d'ici que sort la musique.Ca va bien, c'est pour quand la pluie ? Je ne sais pas trop s'ils ont compris la question mais ils nous invitent à rentrer. Allez il fait peut-être meilleur dedans ! papa, maman et les 2 filles sont en plein travaux de maçonnerie, béton, crépi, lissage… mais il nous faut les admirer les murs nus, et se débrouiller à être admiratifs avec 2 ou 3 mots de français… On débouche par hasard sur la place centrale de la médina. Ici ils ne doivent pas voir souvent des étrangers. Trois magasins de bric et de broc et l'inévitable café, un peu vide à cette heure …et si on " prenait " quelque chose ?. Le choix est des plus rapide , c'est coca et/ou soda… ce sera coca, ça fait jeune ! On retrouve le Fleurette toujours dans son coin d'ombre… tiens mais on n'avait pas vu, c'est le poste de police ! Au moins il était sous protection ! " Vous n'avez pas le droit de rester ici, c'est la police ! " Le quidam est cravaté, donc ça doit être le chef… Excusez-moi Monsieur le policier, je n'avais pas vu, je savais pas etc.… Un autre policier, costumé reconnaissable celui-là vient se mêler au dialogue…ouille,ouille ! " Pas de problème, vous rester ici, vous êtes bien ici ! " Alors c'est qui qu'on écoute ? Le quidam nous lâche et rejoint son… taxi ! " Vous êtes à l'heure Messieurs, Dames ! " Normal Naceur , on a beaucoup à voir !. Co-pilote en burnous le Fleurette se lance dans la palmeraie, délicieux travelling dans la lumière qui s'adoucit… Naceur est intarissable sur la palmeraie, ses grands chiffres, ses us, ses coutumes. Intarissable comme le permet 37 ans de syndicat d'initiative. Une palmeraie a ses étages, rez-de-chaussée de cultures maraîchères, oignons, salades, tomates, maïs…au-dessus les fruitiers : pommiers, jujubiers " tu goûtes Madame ! ", grenadiers,et au dernier étage les dattes, celles de Nefta sont les plus réputées, les deglet-nour " doigts de lumière ". 400000 palmiers irrigués par 152 sources, un réseau de canaux quadrillant la palmeraie. Chacun a son lopin de terre, son programme hebdomadaire d'irrigation, et installe une vie sereine aux pieds des grands arbres. ![]() ![]() ![]() Nous sommes en pleine période de pollinisation. Là-haut accroché dans un palmier un paysan, vigneron du désert, fait une beauté au sommet, jette bas les palmes mortes et tel un vigneron, apporte aux grappes naissantes le pollen du palmier masculin … C'est un choc lorsque la piste sort de la palmeraie, choc de lumière, choc de chaleur. On avance entre chott et erg, lac et désert... les puits d'irrigations ponctuent le pourtour de la palmeraie, le chapelet de grands réservoirs se complète. Des petits groupes de briqueteurs travaillent à même le sol, derniers artisans de l'architecture locale en attendant l'usine à briques, toute construite mais qui attend de démarrer.. " Alain.. madame…on va voir le mirage ! " …on oblique dans le chott, la piste devient petit chemin qui serpente entre des touffes de tamaris nains, de salicornes. " Tu restes bien sur la piste, c'est tendre ici. ". A vrai dire je n'ai envie de quitter le rail luisant de terre tassée, à côté c'est la croûte craquelée ourlée de blanc. L'air sent le sel. " La-bas Monsieur, Madame…mirage garanti Naceur ! " Le voici enfin notre mirage , au fond de l'air qui vibre. On a beau connaître le phénomène, il est toujours surprenant. " Arrête l'auto, on descend ! " Ouf il est toujours là " notre " mirage. Les palmiers de l'oasis, les voiliers du port, les…de l'imaginaire. " Alain tu te baisses… " Et voici le mirage à géométrie variable, les voiliers rentrent dans la mosquée…Un vélomoteur s'en détache. Dis Naceur, il est vrai ou il est faux ? " Lui il est vrai ! " D'où sort t- il, étrange échafaudage d'un adulte et de deux enfants sur un cyclo antique. Bon, ok on comprend, on était repérés de loin…Les deux fillettes nous bondissent dessus, les bras chargés de poupées sommaires, l'une d'elle porte un bébé fennec…merveilleuse image au milieu du chott, à des kilomètres de tout , dans la flambée d'un soleil qui décline. Les fillettes n'ont pas un mot de français, leur père non plus et il se tient à distance… Naceur traduit les négociations, petits cadeaux à 1 dinar, grande joie pour les enfants.. Allez on se détache ! Le soleil avance.. On quitte le chott, un poste de police à quelques kilomètres de la frontière algérienne, mais Naceur connaît tout le monde. Maintenant piste de sable ! Suzy s'affole… " T'en fais pas Madame ! " je connais tout ici ! " Alain tu restes bien sur le milieu… " Bon , oui…mais ça glisse comme sur du verglas. En douceur, en douceur. Au bout là-bas un 4x4 brille au soleil, quelques silhouettes de chameaux… On va jusque là-bas Naceur ? " Tu arrêtes là, avec le camping-car on n'arrivera pas. On va le laisser là et on ira à pied ! " Et comment je retourne moi ? " On fait demi-tour ici.. " Ici c'est du sur place, du sur place au millimètre… " Tu fais ce que je te dis, t'écoute pas ta gazelle ! " la gazelle elle est à l'arrière du Fleurette et ne brille pas ! Ouf…il a suffi d'une dizaine de va et vient…pas brillant ! faudra que je m'entraîne encore ! Balade aux dunes vers le soleil qui les frise. On ne voit rien, rien d'autre que des dunes, on n'entend rien, rien d'autre que le vent sur le sable, et tout rayonne dans le silence ! ![]() ![]() ![]() Ce qui embellit le désert c'est qu'il nous cache toujours quelque chose. Naceur nous dit aussi son amour depuis toujours, il ne connaît que lui. Ce qui se passe là-bas, ces 4x4 qui détruisent le paysage, qui polluent les esprits… ça lui donne des nausées, et il a besoin de cette solitude. " Les technocrates tu leur donnes le Sahara, dans six mois il faut qu'ils achètent du sable ailleurs " Il avait tout compris Coluche ! Le soleil est voilé de sable, la chaleur anormale de la période. Le coucher de soleil ne sera pas à la hauteur de nos attentes. On rentre sur Nefta en passant par " La Corbeille ". C'était un lieu magique, oasis dans l'oasis, les sources jaillissaient sous les palmiers. Les technocrates sont passés par là , l'eau déviée a disparu, il faut la pomper pour donner un peu de vie… Mais qu'elle est belle encore la Corbeille vue d'en haut ! Le soleil se couche dans une grille de fils électriques, il est des premiers plans qui en valent d'autres. Retour au bureau de Naceur, le S.I. On échange nos adresses, il nous montre son trésor : collection de cartes de visites de ses " clients-amis "..on y rajoute bien sûr la nôtre. " Suzy, Alain…permettez que je vous offre mon cadeau ! " Et avec le mode d'emploi en plus, des turbans " à la Naceur ! "… Retour sur Tozeur, un petit chagrin au cœur… Personne au camping…les 4 chats errants attendent Daky ! . |
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Cap
au Nord..! Samedi 4. Cap au Nord ! Il pleut et neige en France…ici aussi la température baisse, radio Tunis annonce 24 à 32° ! Ammar est déjà en piste pour mettre au propre son trésor de camping, le soleil illumine les paillotes. Salut Ammar et @bientôt sur le net ! Opération Publinet avant de quitter Tozeur, il y a près de 15 jours que je n'ai pu récupérer le courrier. Beaucoup de pub sur mon adresse mns.hotmail… et puis quelques messages amis qui nous recollent aux réalités. Première synthèse de l'enquête de Pascal avec CapLiberté…428 réponses. Un grand succès..le stationnement, les barrières de hauteur ,vu d'ici : c'est quoi? En sortant du publinet surprise ! 2 camping-cars français, ils arrivent dans le sud en descente rapide depuis Tabarka pour tenter de précéder la chaleur !!! Bon courage les amis ! On leur donne quelques infos locales toutes chaudes… Le mirage : " on a vu déjà en venant de Tamerza ! " Ah bon… c'est pourtant pas réputé dans ce secteur, on verra bien puisque c'est notre parcours ! Hors donc,cap vers le nord, ça sent un peu le retour…le Chott El Rahim n'a pas la force du Jerid mais le paysage crevassé, craquelé ne laisse pas indifférent. Et puis c'est vrai là-bas les dunes plates aux touffes de salicornes ça fait un peu mirage…on veut bien ! Les 4x4 se succèdent en convois. On se rappelle ce que nous disait hier Naceur " C'est la nouvelle mode, ça fait mieux de dire que j'ai fait le Sahara en 4x4 que le sud tunisien en bus organisé ! Ils ne vont guère ailleurs les nouveaux baroudeurs d'opérette, ils ne vont guère ailleurs que les rubans d'asphalte, mais que voulez vous c'est in ! " Alors à Chebika c'est le rendez vous des grandes marques, la fête avant et après le rallye de Tunisie rabatteur. Chebika c'est à la fois le paradis et l'enfer. Paradis du cadre exceptionnel de la palmeraie collée aux roches brunes, paradis de verdure de l'oasis qui insinue au fond de la gorge ses palmiers les pieds dans l'eau… ![]() ![]() ![]() et Chebika c'est l'enfer, l'enfer des pluies torrentielles qui ont décroché le village de la montagne il y a 30 ans… depuis il ne s'en est pas remis et les blocs de pisé vides témoignent. Le paradis nous reste avec sa balade fraîche envahie ce samedi des vacanciers tunisiens en famille. Les quattro-touristes roulent déjà vers leur prochaine halte-organisée ! Nous quittons le désert pour la montagne désertique. La route s'accroche, le panorama explose. Au loin le chott s'estompe, la route sinue entre des vallons des canyons, à l'approche de Tamerza le canyon s'offre des cascades…et nous aussi, le salon sur la ligne de boutiques souvenirs…mais non sur le ruisseau et ses innombrables grenouilles.. ! Sieste déjà ou déficit de voyageurs, nous sommes presque seuls au monde. Avec le vent chaud et le vent froid qui se disputent le terrain ! Tamerza s'étale le long d'une crête, à ses pieds l'oasis suit les méandres de la rivière. Des cascades en coupent le courant et créent des jardins luxuriants. La sortie vers Midès nous propose un panorama magnifique sur le vieux village qui se décompose sous le soleil torride. Midès est un superbe oasis de montagne, superbes décors, et ce n'est pas pour rien que beaucoup de grands réalisateurs ont réalisé ici leurs extérieurs far-west ! A deux pas de l'Algérie le village mort est suspendu au-dessus d'un canyon impressionnant aux gorges verticales . Les inévitables cafés-souvenirs lui donnent un peu de vie, de cette vie factice qui commence à nous peser. Ici comme partout, abandon, laisser-aller, immondices… et ces jeunes qui mendient un dinar pour une photo, qui traînent en attendant un hypothétique " y a pas de travail ! "… Il est ici le travail Ali, ramasse les papiers sales, donne de ton pays une autre image ! Une plateforme domine le canyon, immense… " no camping " le seul panneau d'interdiction rencontré en Tunisie… " c'est pour la sécurité, on est à 2 kms de la frontière " m'explique le cafetier…enfin je veux bien ! La route maintenant devient bien terne, elles sont loin déjà nos dunes de Tozeur. Nous entrons dans la région des phosphates…images de tchernobyl, comment peut-on vivre à Moularès ? Qu'est-ce que j'ai encore dit…le policier du haut de la côte me prie de me mettre de côté… " Bonjour, Français ?…alors bienvenue ! Comment ça va ? Ca te plaît la Tunisie ? " Déjà ce matin nous avions eu un tel interrogatoire de police…merci la garde nationale ! Arriver à Metlaoui c'est entrer en enfer. Décor d'apocalypse des montagnes écorchées à grand coups de bulldozers, banlieues pouilleuses d'une ville industrielle qui n'a pas encore senti les effluves écologiques, ici il faut d'abord vivre après, on verra bien ! Que vient t-on faire à Metlaoui ? Le " Lézard rouge ", le petit train qui draine les visiteurs dans les gorges de Selja…c'est tout et ce sera pour demain. On sait où se poser, message de Clement, BTS avec seulement S…de toute façon on ne voit guère mieux. Donc " place de la gare " fin prêts pour le départ du train demain matin ! On comprend bien vite que pour ce qui est la tranquillité il faudra en faire le deuil… Le " chef de gare " vient nous accorder son onction… " C'est bien ici…je suis là jusqu'à 5 heures du matin "…des trains, ben oui il y en a toute la nuit : 7 voyageurs et 7 marchandises, ils se croisent ! BTS sans T, on n'est pas trop habitués on fera avec ! Allez,on ouvre le salon sur la place de la gare ! Deux jeunes font demi-tour " Bonjour, do you speak English ? " Allez Suzy, au parloir ! Conversation sérieuse,oh combien.. sur les difficultés du français et de l'anglais pour un tunisien…Tout en conversant Suzy prépare ses crêpes et moi mon récit.. Echange traditionnel d'adresses, photos " C'est sûr Madame t'oublie pas de nous l'envoyer la photo ! " Bien sûr Karim, bien sûr Bifel…vous êtes tellement sympas ! " Bonsoir madame, Good night… " Au revoir et à un jour peut-être ! La place s'anime de plus en plus, des jeunes passent et repassent.. " Bonjour, bon appétit… " imaginez la place de la gare de Trifouillis en Creuse, imaginez un camping car étranger arrêté… imaginez, si c'est imaginable ! " Bonsoir Monsieur, police. " le gaillard est grand, son acolyte encore plus…Moi je veux bien, mais des policiers en jeans, je ne suis pas habitué ! Si vous êtes policier moi je suis muezzin et voici mon adjoint Daky ! rires " Mais si je vous assure, voici ma carte ! " Effectivement…excuse moi monsieur le policier ! " Nous sommes ici pour garder la gare la nuit. " et donc nous ! Encore merci ! Tiens revoici nos jeunes Karin et Bifel, ils nous amènent un cadeau enveloppé… un de ces trucs en coquilles collées.. peu importe la chose, on fond devant le geste. Merci, thank you ! Les policiers en vigiles viennent sèchement demander aux jeunes de nous laisser tranquilles…on doit s'interposer pour éviter qu'ils ne se fassent jeter… médiation est accordée sur 5 minutes d'échanges. Ca doit être ça aussi le S de Sécurité ! La place s'est vidée, mais pour combien de temps, Lyon a gagné, tout au moins c'est ce que l'on a compris entre les parasites des grandes ondes. Tu crois que demain la radio sera meilleure ? Suzy s'inquiète déjà, demain c'est le 5 mai ! . |
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Le
Lézard Rouge..! Dimanche 5. Le train du Bey. La nuit a été plus " T " que prévu…et notre sommeil n'a pas entendu les départs de 1h40, 2h50…mais sur le coup de 5h40…branle-bas sur la place ; bus moteurs tournants, pétrolettes, appels, vociférations…puis le silence à nouveau. Le train ouvrier de Redeyef ? Oui, oui on connaît il part à 5h45 ! 23 degrés…hier nous avions encore 28 au petit matin…un petit vent frais nous remet en forme. En attendant le départ du " Lézard rouge " le train des phosphates j'avance les pages web de cette Tunisie 2002. Récit+photo+pages web…pas évident de réaliser dans la quotidien, mais bonne expérience ! Ca y est, Suzy a fait ses réservations…on sera aux premières loges. " Tu te mets dans le deuxième wagon, c'est celui du Bey ! " Alors c'est quoi ce " Lézard Vert " ? C'est un petit train fait sur mesures pour Le Bey autrefois, don de la France en 1940, pour ses petits trajets entre Tunis et sa résidence de La Marsa ! Et qu'est ce qu'il fait là en plein désert ? " Il a repris du service ici pour donner aux touristes le vertige des Gorges de Selja ! "… Quelques taxis déposent les premiers passagers du Lézard et puis, dans une cacophonie de klaxons flétris, une file de deu-deuchs…oui des 2Cv, vous savez ce moteur sous parapluie ! " Expédition 2002 Vienne-Tataouine " et c'est des 38 ! Bonjour, salut…va te faire foutre, pas même une réponse ! Serait-elle devenue une caste à part la tribu des fans de la deudeuch ? relève-toi Pégase, ma vaillante 2CV qui, sans autocollant présomptueux, me donna il y a plus d'un demi siècle le virus de la découverte… Allez, poussez les découvreurs… elle a du mal à démarrer la 2cv ,en s'y mettant à plusieurs l'expédition 2002 peut continuer ! Après les 2 pattes, les 4x4, ils débarquent toutes agences confondues, selon un chrono bien rythmé, là on n'a pas de temps à perdre, le temps c'est des dinars ! Corne de phosphate, ça ressemble à une corne de brume, le lézard va partir ! Découverte d'abord de cet Orient-Express d'un jour, superbement restauré des salons fauteuils aux toilettes faïence… La vitesse permet de faire ses courses du regard en longeant le long marché quotidien de Metlaoui, dans la steppe les chameaux à une bosse broutent en nous laissant passer dédaigneusement, la montagne se présente rosée et modulée… et subitement c'est le crash ! Le lézard se réveille et nous propulse en plein far-west. La montagne s'ouvre, se disloque, s'offre des failles sculptées par des millénaires de filets d'eau…Une brèche gigantesque s'ouvre sur le désert , en bas un filet d'eau au liseré blanc phosphateux, une courbe grandiose ourlée de palmiers… ![]() ![]() ![]() le Lézard nous arrête, le temps de respirer de secouer les paupières, et le teuf teuf reprend ! Seul la voie ferrée suit le fond de l'oued, au raz de la beauté… on s'attend à voir là-haut sur les crêtes surgir les justiciers du dernier Sergio Léone, le vent joue en écho sur les falaises la bande son Ennio Morricone… Instants magiques qui nous rend enfants ! " Mon mari est tunisien, nous vivons en France, il a voulu montrer cela à notre fille ! " Elle est aux anges la fille.. ! Les " Expédition 2002 " se concertent sur la prochaine étape… le groupe des 4x4 épuise le stock de bières ! Le lézard en a vu d'autres entre sa vie de fastes de la belle époque et sa retraite touristique à Metlaoui ! Selja, tout le monde descend ! Un bloc de béton sur fond de terrils, la " gare " s'ébroue. Tiens les chauffeurs 4x4 en file d'attente ! On comprend vite, ils sont venus récupérer leurs clients pour gagner le voyage retour ! Voyage retour sans les arrêts spectacles, un peu comme une rediffusion dont on attend les moments forts. Fort, très fort cette excursion Selja ! Salut Daky, tu as bien gardé l'auto ! Après tout , 2 heures ce n'est pas long ! " Bonjour Suzy, Bonjour Alain ! " tiens mais c'est Karim et Bifel…comme par hasard à la descente du train." venez à la maison, on vous invite ! " désolé Bifel... il faut encore que nous passions à Gafsa et à Sbeitla. " Tu penses à m'envoyer la photo ! " Promis Karim ! La route de Gafsa est d'une monotonie monotone…la ville apparaît dans un écrin de verdure comme les filles belles parce que bien habillées ! Chaude, sans ombre, sale, re-sale…on tournicote avant de nous décider à sortir de la ville vers une hauteur, plein soleil mais en plein vent, on repère un château d'eau, en général ils sont sur les hauteurs, ah vous n'aviez pas remarqué cela ! la remarquable isolation du Fleurette fait le reste ! Pas de visite de Gafsa, nous voulons être à Sbeïtla ce soir et…avant 20h. Nous sommes le 5 mai ! Bien triste est la route qui court vers Fériana et Kasserine, bien terne… à peine morcelée par quelques hameaux. On roule vite c'est peut-être pour ça qu'il me convie à m'arrêter sur le bas-côté… Bonjour Chef…il fait bon ici ! J'ai compris qu'il valait mieux que je le lance avant qu'il ne me demande les passeports. " Français, alors bienvenue en Tunisie ! " c'est bien parti ! " Vous venez de Tozeur ? "… C'était hier…déjà. On vient de Metlaoui. " C'est chez moi, t'as fait le Bey ? " Ah bon, c'est quoi le bey ? " Le Roi de France il a donné le train au Bey ! " Ah bon, si cela te convient je veux bien ! Oui bien sûr on a fait le Bey ! " Tu dors où ce soir Kasserine ? "…on ne sait pas trop, il faut qu'on écoute la radio ! " Pour Chirac ? " et il appelle le chef resté dans la cabine " Chef, c'est Chirac ? " C'est Chirac qu'il dit le chef….et comment il sait ça le chef, il n'est que 18h ici, 19 en France ? A bientôt les amis ! Après Feriana la campagne est plus intéressante, les champs de cactus, de figuiers de barbarie, sculptent de façon curieuse le paysage. Kasserine populeuse,animée, une noce tonitruante roule devant nous, tant pis pour les images on doit avancer et on a encore près de 45km…Oh non, c'est pas vrai…il veut encore faire causette ? Le garde national nous fait invitation a stopper sur le bas-côté. " Bonjour, vous allez bien ? " Bien sûr qu'on va bien…on est même pressés… " Vous êtes d'où ? " de Grenoble " Ma famille elle est à Toulouse et à Strasbourg… ". Il en est heureux notre gendarme, on aimerait bien faire causette plus longtemps, mais le chrono fait son compte à rebours…Au revoir ami, à bientôt ! Qu'est-ce qu'elle fait l'Isuzu là-devant... ? Suzy regarde la montre, l'Isuzu n'en avance pas plus… Encore 3 kms.. où est-ce qu'on s'arrête ? Clément nous a indiqué le parking du musée… et il est où le musée ? En-bas des ruines…et les voilà justement les ruines, resplendissantes dans le soleil couchant, qu'est-ce que fais, la photo ou les résultats…je tente la photo en roulant. 19h58 chez nous… " Jany Le Pen reconnaît l'échec… " RMC infos le premier que j'arrive à capter sans trop de parasites n'a pas pu s'empêcher de griller les copains ! 20h…à Sbeïtla une des grande villes de la Rome antique, celle qui a traversé tant de chocs de culture… 81% ça prend un sacré sens ! La température est tombée : 19° …on va remettre une couverture ! . |
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Déluge
sur les Dieux..! Lundi 6. Déluge de Dieu ! Tic tic tic.. c'est quoi ça ? ça ressemble à de la pluie…c'est de la pluie ! Ballets de parapluie vers les lycées entre les flaques, on est sur le trottoir de passage, photomaton de sourires… allez la journée sera ensoleillée, mais pour l'instant c'est mal parti ! Toc toc toc…tiens c'est pas un collégien lui ! Bonjour policier ! " Vous pouvez pas rester là ! " Mais on va visiter Sbeïtla ! " Ici c'est interdit ! " mais c'est le parking du musée ! " mais c'est interdit ! " Et pour visiter ? " Ici c'est interdit, parking hôtel là-bas ! " Ben voyons, il fallait le dire plus tôt… d'autant plus que le parking est le BTS avec " T " que nous n'avons pas eu cette nuit ! La pluie ne cesse pas, alors on prend casquette, parapluies et courage, après tout du temps des romains il devait bien pleuvoir de temps en temps ! Le site antique flamboyant d'hier soir est dans les nappes de pluie battante, il y un an nous étions à Ephèse sous le déluge, bis-repétita, mais ici nous sommes seuls ou presque. Les sites antiques de Tunisie ont des complémentarités remarquables pour suivre et comprendre les évolutions. Il faudrait tous les regrouper en même lieu, on gagnerait du temps… " Non mais ça va pas la tète ! ". ![]() ![]() ![]() A Sbeïtla c'est le plan de la ville qui impressionne, son organisation qui a résisté aux assauts de Rome et Byzance. Thermes, basiliques multiples, arc de triomphe, pressoirs à huile, bathysphères mosaïques, allées aux dalles géantes, et ces temples dédiés à la triade Jupiter, Junon, Minerve qui dominent un magnifique forum où tant de décisions ont mûri ! La pluie qui suinte partout donne des tons étranges, des flaques miroirs qui reproduisent les arcs à l'infini. Elle est longue la route vers Kairouan, longue de monotonie, longue de grisaille et de pluie. Kairouan c'est la " capitale " religieuse, de la Tunisie mais aussi de tout le Maghreb. Cela se sent dès l'entrée en ville, beaucoup plus de voiles, bien peu d'enseignes en Français… et beaucoup de pluie, Allah n'est pas avec nous ! Programme de visite limité, nous avons du retard pour Hergla que nous voulons atteindre ce soir… Programme court : les bassins des Aghlabides, nous les découvrons depuis la terrasse du syndicat d'initiative en bravant les bourrasques. ![]() Prodigieuse réalisation hydraulique du Moyen-Age, les bassins étaient les pourvoyeurs d'eau de la ville. Ils étaient 15, ils ne sont plus que trois mais donnent la dimension des travaux de l'époque. Programme court : coup d'œil aux déballages de tapis qui…tapissent la ville, elle en est aussi la capitale, on ne s'en cache pas ici " Ti veux visiter la fabrique ? "… avec l'inévitable vente organisée au grand déballage accrocheur…on connaît bien cela, alors on passe ! Les mosquées ne se visitent que le matin, et avec laissez-passer en bonne et due forme négocié facilement au SI…alors tant pis pour Jamâ Sidi Oqba, pour la zaouia Sidi Sahab…programme court ! Et la route reprend, sous un déluge permanent, les bas-côtés sont inondés… don du ciel pour ces régions qui attendaient enfin la pluie de printemps, pour nous on aurait bien attendu un peu ! La température plonge, 9°, il y a trois jours à cette heure elle flirtait avec les 39 ! C'est la fin des classes dans l'école de campagne, les enfants s'envolent dans les flaques… et dire qu'ils ont des kilomètres à faire à pied dans la tourmente. Cap vers la côte, on ne l'avait pas prévu au début mais on voulait…se rafraîchir ! Alors on maintient le cap ! Détour par Port El Kantaoui, nous n'avions pas " vu " à l'aller. Vu, c'est bien cela, il faut voir ici comme à Hammamet ou Djerba la débauche de luxe de ces marinas vouées à la consommation de vacances. Il faut voir après avoir vu la misère, celle du sud, celle du nord et celle qui commence à 500 mètres de cette station de rêve ! On retrouve la magnifique petite route côtière qui longe les lagunes vers Hergla, le ciel se calme un peu, un tout petit peu. Le village est bien le même qu'à l'aller, soleil en moins, resto' à bord bredouille. Nous retrouvons " notre " petit port " notre gardien " qui nous reconnaît. " Comment ça va ! " Ca va bien l'ami, sauf que demain c'est fini la Tunisie ! Tiens voici un pin's en souvenir…il est heureux notre petit gardien ! " Ti vas parler avec la garde ! " Bien sûr que je vais parler avec la Garde Nationale. Je retrouve le garde de faction lors de l'aller et…le grand chef. " Bien sûr que vous vous pouvez dormir au port ! " Un chef ça a le mérite de pouvoir décider sans hésiter ! " Où il est le chien ? " Daky descend de l'auto, ton copain veut te dire bonjour ! Daky bondit, rires des gardes… " On peut voir dedans ? " service spécial visite du Fleurette pour la Garde Nationale ! La pluie s'est calmée, un morceau de ciel bleu se glisse dans la masse nuageuse… espoir du soir ! Mardi 7. Essuie-glaces ! Ciel gris du matin, chagrin ! Le vent a soufflé toute la nuit… Les pêcheurs sont déjà rentrés…ou ne sont pas partis. Une femme voilée vient au pied du salon du Fleurette relever des fagots de joncs qui trempaient dans la mer.. Je prépare une petite synthèse d'impressions de voyages, je tenterai de les envoyer aux amis, si je trouve un Publinet… Le ciel devient sombre très sombre, curieusement sombre. Il va nous accompagner jusqu'à Hammamet. La radio nous donne l'explication, vent du sud chargé de sable et par dessus vent de mer… cela nous donne un étrange plafond bas et violacé. Les essuie-glaces balaient de l'eau sableuse, en entrant dans Hammamet le spectacle est baroque. Les visages pâles venus là chercher le soleil pataugent en shorts et baskets dans les rues transformées en plages… Pas de poste libre au Publinet…on verra après-midi…le parking de la plage au pied des remparts est déserté, vite vite… salon sur les barques, comme au bon vieux temps ! Le ciel étrange donne à la scène marine une coloration de coucher de soleil. ![]() ![]() ![]() Le vendeur de fleurs, qui a eu l'astuce de se servir de son occiput comme vitrine, s'accroche aux quelques touristes égarés…" Tu me donnes chemise, tu fais photo ! " Je donne pas de chemise, je fais la photo si je veux ! D'ailleurs elle est déjà faite ! Les petits trains touristiques tournent en rond avec 2 couples perdus, pour les protéger des coups de vent ,on a sorti des bâches plastiques vite bricolées.. De grosses vagues balaient la plage, ça promet pour la traversée de demain ! Après tout voir la mecque des vacances au soleil face aux vagues du ciel ça donne confiance ! Re-Publinet…là un poste est libre…mais, mais…on ne peut utiliser de diskette " interdit par le règlement ! " pourquoi interdit ? " C'est interdit ! " alors comment je fais pour envoyer mon petit document ? " C'est interdit ! "… Pour Tunis on prend la nationale, de toute façon on avance en évitant les flaques qui zigzaguent . Grombalia dans la tourmente, Grombalia je connais, c'est là que bidasse,je débarquais en Tunisie pour 28 mois de…dépaysement ! Vidange moteur, en principe c'est moins cher que chez nous…et puis j'ai encore à trouver un adhésif " TN " pour décorer le …cul du Fleurette. Commençons par la vidange…station Elf… " oui bien sûr Monsieur ! " on ouvre le capot, l'alarme se met en fonction et impossible d'arrêter, rassemblement de tout le personnel de la station… On déconnecte l'alarme…ouf ça se calme, mais…le moteur ne démarre plus ! on reconnecte et le concert recommence…et pourtant l'alarme était en position inactive ! Coup de clé pour réactiver, pour désactiver…ça y est le doigt est sur la cause : la célèbre fuite d'eau des pare-brises jumper, juste en goutte à goutte sur l'alarme ! Je peux m'occuper de l'autocollant . " Tu trouves ça à la papeterie là-bas ! "… tout le problème est dans le "là-bas" ! Un papeterie, une seconde… " Tu trouveras pas ici, va à Tunis, Avenue de Carthage ! " C'est reparti ! L'arrivée à Tunis dans un chien-loup éclaboussé de trop de pluie est assez pathétique. Arriver Ave de Carthage est un peu miraculeux, et pourtant j'y suis ! c'est vrai qu'il y a profusion de magasins accessoires auto. " Nous on n'a pas…va là-bas ! " " Au troisième magasin.. mais reviens demain, aujourd'hui c'est fermé ! " Ah oui, c'est 18 heures, rideaux tirés…allez, j'en tente encore un ! " Nous on n'a pas…ti veux le coller tout de suite, alors j'ai ! " et le vendeur qui se préparait à fermer décolle de sa vitrine un autocollant et me le donne " c'est bienvenue en Tunisie ! ".. Maintenant Internet, encore faut-il trouver un bureau Publinet ! Il y 1 mois j'en avais repéré un sur l'Avenue Bourguiba…vite, vite…tout est occupé ! Y a t-il un autre Publinet ? " Oui,Place de Barcelone… " allez, on file, d'autant plus que le routard nous en signale un tout proche Rue de Russie… " vous pouvez pas rester ici ! " mais monsieur l'agent c'est pour un petit quart d'heure ! " C'est interdit, ici c'est le Ministère ! " Ah bon ,alors… Rue de Russie poste libre, diskette " pas interdite "…ça y est mon petit document est parti ! Qu'est-ce qu'on fait ? Resto ou rest' à bord ? On verra bien, direction La Goulette le port maritime, bateau demain matin à 9h. La route en digue est à moitié submergée, on se voit déjà en perdition, mais ça passe… il reste quelques magasins ouverts, peu engageants… un resto : trop cher, un autre…ça marche : couscous dernier, et en resto' à bord face au large enfin accalmi il est succulent. Allo Tahar…on ne peut plus passer chez vous, mais quel plaisir on a eu de vous connaître ! A bientôt sur le net ! Allo Marina…demain bateau et samedi Rome . Enfin si le ciel le veut bien ! . |
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retour..!
Mercredi 8. |
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autostrada's..! Vendredi 10. Le long des plages. BTS face à Scilla….ça vous remet le nez dans les légendes mythiques. On est là le salon sur le sable, au bord de ce chenal de Messine où tant de bateaux, de vaisseaux conquérants sont venus s'échouer après avoir évité l'écueil de Charybde. Soleil magnifique, un groupe de menuisiers construit un kiosque de plage, espoir d'été ! Le bac se passe en un clin d'œil…le plus difficile étant de repérer le point d'embarquement, mais ça c'était hier soir, sur le billet aller-retour qui nous donna droit à une remise substantielle aucune info…alors on s'est fié à notre mémoire et dans notre course du soir on est tombé par hasard sur " entrata traghetti ".. Nous voici donc " de l'autre côté "…saluant au passage les innombrables camping-cars qui se dirigent tous vers le sud…c'est à croire que tous les campers italiens ont fait les " troupes de montagne " ! Avant de reprendre l'autostrada on se donne un temps de découverte de cette Calabre ignorée qui remonte vers Salerno…Scylla adorable village au pied de son rocher... Face au BTS: Bagnana…on fait les courses…et c'est reparti pour une partie d'autoroute. On l'abandonne encore pour côtoyer la côte oubliée entre les golfes de San Eufèmia et Policastro.. Villages, pinèdes en attente de bétonnage…l'Italie encore vraie, ça existe ! Pause-midi, plateforme mer…Non, c'est pas vrai là encore, encore des chapeaux à plumes ! Toute la matinée nous avons croisé des voitures , des bus, des dizaines de camping-cars identifiés par l'affiche de l' " Adunata ". Un groupe sorti d'on ne sait où vient faire un petit tour sur la plage, le temps d'un déclic photo. Et on reprend notre remontée, belle route agréablement tracée, quelques repérages de BTS, çà pourra servir une autre année…le soleil nous donne le top de l'arrêt. Cirella, c'est là ! Une série de campings vides, des spéciales " area camper ", rangées toutes prêtes pour mise en boite à sardines des camping-cars de l'été. Vide en cette saison, mais on imagine ce que cela doit donner en temps de remplissage ! Salon sur la mer, au raz du sable, un petit îlot s'assombrit dans le soleil couchant. Que sera notre BTS dans 2 mois ? Samedi 11. Autostrada… Coup d'orage cette nuit, coup de pluie ce matin, coup de soleil…le ciel s'embleuit ! On reprend notre " grimpette " vers Salerne par la route côtière…en deux images Le site magnifique de Praia a Mare, vu de là-haut, de la route corniche, une envie indicible de descendre voir,la plage immense, l'îlot isolé et encore protégé, quelques camping-cars, points blancs vus de là-haut… La deuxième image, vue d'en-bas, très bas… un fourgon français maxi déballage sur cette plage de beauté. Bien sûr l'espace est immense, ici son bric-à-brac ne gêne personne…mais quand même ! On reprend une dose d'autostrada pour gagner du temps, ce soir étape chez Marina ! Et si on se faisait encore un peu de brise de mer ? Sortie au sud de Salerne…Oh…horreur ! Les éboueurs seraient -ils en grève ? La route qui longe la plage n'est que monticules d'immondices, de plastiques éventrés… Vingt kilomètres de dégoût, et puis dans une vision une plateforme sur le golfe, quelques mètres potables… pause-midi ! Autostrada toute ! on retrouve sous le soleil le long ruban déroulé sous le déluge à l'aller. " Grande anno circulare " lui aussi on le retrouve, et Ostia Antica, et Luca qui semble faire le guet dans la rue… Buon giorno, ou plutôt buona serra Marina, Renato, bellissima Clara ! Come va Taccuino.di.viaggio depuis un mois ? " Va bene, va bene, on prépare le Périgord de Jean-Marie… tiens Jean-Marie il est passé chez Sylvie !... " Et nous voici un peu plus raccordés aux dures réalités, va falloir assumer ! Soirée voyages bien sûr, soirée internet bien sur, fête des serpents de Cocullo et projet Turquie de l'est…en vrac… Allez il faut aller se reposer ! Dimanche 12. Autostrada encore… La rue est étrangement calme, eh oui c'est dimanche ! Petit déj' romain…dis donc Luca tu sais que moi aussi ma maman me faisait un œuf au sucre battu en mayonnaise…plus tard on y mettait du Porto, paraît que c'est très bon pour la fatigue ! " Ici on met du Marsalla ! " On a du mal à se quitter, échanges de recettes de cuisine, de recettes d'améliorations des images, de raccourcis pour atteindre la Turquie de l'est… de la bonne façon de rejoindre l'Aurélia…c'est vraiment fini ! Et à midi on retrouve notre " parking-réservé-camper " d'Ortobello. Le nez du salon sur l'eau ! Tiens un 26 ! " Bonjour, nous on vient Sicile, le tour en une semaine… Ah bon, on peut aller en Tunisie en camping-car ? "… A l'aller nous étions seuls à Ortobello, aujourd'hui une dizaine de cellules s'éparpillent sur l'espace, il reste encore de la place. L'inévitable allemand déballeur de table au bord de l'eau…après tout, est-ce vraiment gênant ? Nos petits courroux " anti-sans-gêne " en prennent toujours un coup lorsque l'on met les choses dans leur contexte ! Une petite-auto-sans-permis, je n'imaginais pas que l'on puisse faire plus petit que la " cinquecento " , vient tourner autour du salon ouvert du Fleurette… Saluti, buon giorno ! " Bonjour, comment ça va la France ? " Va bene e lei ? " Va bene, il y a beaucoup de Français ici depuis quelques jours ! " " Je connais la France, mon frère il est à Douai…l'an dernier je suis allé le voir, on a fait 4000km en France ! " C'est gentil ça gros monsieur de la petite auto ! Des petites autos il n'y en a plus beaucoup sur les autostradas, encore que la Smart semble bien avoir supplanté les petites fiat ! Un peu vide l'autostrada…jusqu'au coup de bouchons du soir. On contourne Livourne l'industrielle…et si on tentait encore un bout de mer ? 10km de mer, cachée derrière 10km de ristorantes… et si on allait au grand parking de Pise ?...au fond de l'immense area peuplée de quelques campers éparpillés on se positionne pour avoir la tour illuminée en vue du salon. Peine perdue, pas d'illumination, ce sera pour l'été ! Lundi13. Autostrada dernière... ! On va continuer notre autostrada en pointillés, un peu pour dégager entre des parties de repérages de la côte. En commençant par Viareggio>Cararra….allez ne rêvons plus ! Pour s'arrêter ici il faut faire beaucoup de prières. Avec une grande chance on trouve 3 mètres le nez sur l'eau en contournant des portiques mal fixés… Et l'on reprend le grand ruban, on compte les tunnels, ça occupe, uno, due, tre …16,17…32..tu en es à combien ? 51… Autostrada d'un autre âge entre Gènes et Tortona dans sa traversée de la chaîne montagneuse., virages sur virages…allez on sort ! Un peu de nationale pour se dégourdir !... Alessandria…t'as vu là devant, et d'où il vient lui ? " De l'Adunata ! "… Turin…Fréjus c'est tout droit, on connaît par cœur, provisions à Suze c'est une tradition depuis plus de 40 ans…Ah bien sûr les achats d'alcool ne sont plus à moitié prix, encore quelques bonnes affaires mais l'euro est passé par là ! Et puis il n'y a plus le frisson de l'interdit à la douane… tant pis on s'arrête quand même chez Zizi, comme un pèlerinage ! Les montagnes, nos montagnes, sont enneigées…elles nous manquaient un peu… c'est comme cela aussi à chaque retour ! Autostrada vers le Fréjus, la route, cette route là on a si souvent donné ! Et l'on retrouve notre place du village d'Oulx, là où l'an dernier nous avions passé notre dernière nuit du circuit Turquie ! Mardi 14. Final… Dans le soleil flamboyant qui illumine les flancs de neige, les groupes d'écoliers qui déboulent sur la place nous ramènent un moment vers les longues files d'écoliers tunisiens. Petite différence, toute petite…les 4x4 ici ça sert à descendre les chérubins de la montagne ! Qu'elle est belle cette montée vers le tunnel ! Les dunes sont couvertes de neige, les dromadaires de la route montent à l'assaut du trou dans la roche…petite pagaille d'entrée pour cause de compte-gouttes et le ruban illuminé. Radio tunnel Italia 93.3 France 103.6…Italia va bene ! France…en panne ! Allez regarde donc devant toi et ne dépasse pas le 70 ! On a beau dire mais le côté français ça sent bon ! Cocorico ! Des retours comme cela par cette frontière on en a fait des dizaines… Ca sent déjà l'année prochaine ! . |
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Alain
Guillard mai 2002 . |
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